

Alors que la moitié des exploitants vont partir en retraite d’ici dix ans, le régime agricole est concerné par le report de l’âge légal, examiné au Sénat. C’est un enjeu alors que le Salon de l’Agriculture s’est ouvert le 25 février, après la promulgation d’une loi sur la retraite des agriculteurs.
- Julien Dive Homme politique français
- Christophe Grison agriculteur céréalier, maraîcher dans l'Oise, président de la coopérative Valfrance
- Véronique Marchesseau secrétaire nationale de la Confédération paysanne, éleveuse en vaches allaitantes dans le Morbihan
- Julien Rouger éleveur charolais et viticulteur en Charente-Maritime, Membre du bureau Jeunes Agriculteurs National
Tandis que le débat sur la réforme des retraite fait une pause législative avant d’être redémarrer au Sénat en fin de semaine, le milieu agricole, qui possède depuis les années 1950 un régime spécifique, s’interroge pour savoir comment il sera touché par la nouvelle loi.
Au début de ce mois, une loi votée à l’Assemblée et au Sénat à l’unanimité, a donné de l’espoir aux exploitants : elle accorde le calcul de la retraite, comme pour toutes les autres professions, sur les 25 meilleures années, alors qu’elle était calculée sur l’ensemble de la carrière.
Et qui dit départ à la retraite, dit également nécessité de transmettre sa ferme dans une contexte de bouleversement des structures de production. Car dans les dix ans qui viennent, la moitié des actifs agricoles actuellement en fonction partiront à la retraite.
Pour en débattre, Emmanuel Laurentin reçoit depuis le Salon de l'Agriculture Julien Dive, député LR de l'Aisne, vice-Président de la Commission des affaires économiques à l’Assemblée Nationale ; Christophe Grison, agriculteur céréalier, maraîcher dans l'Oise, président de la coopérative Valfrance ; Véronique Marchesseau, secrétaire nationale de la confédération paysanne, éleveuse en vaches allaitantes dans le Morbihan ; Julien Rouger, éleveur charolais et viticulteur en Charente-Maritime, membre du bureau Jeunes Agriculteurs National.
Une loi pour réparer les injustices
« Le régime agricole était un des derniers systèmes de retraites calculé sur l’ensemble de la carrière » explique Julien Dive, le député qui a proposé la loi promulguée le 13 février, mettant en place un calcul sur les 25 meilleures années, « signal fort et positif pour les agriculteurs et agricultrices, après 20 ans de combat ». « Agriculteur, c’est un métier à risque où les années ne se ressemblent pas » rappelle-t-il, « dégager les 17 pires années, c’est avoir de meilleures pensions de retraites, c’est mathématique ». Véronique Marchesseau revient sur l’histoire de la mutuelle agricole : « dans l’après-guerre, le monde agricole a élargi sa mutuelle pour garder un régime propre dans lequel, pendant longtemps, la couverture sociale était inférieure au régime général ». « Aujourd’hui, on tient à notre spécificité » affirme Julien Rouger, « ce sont les enjeux derrière qui sont importants : le niveau des pensions, notamment des conjoints… ».
Prendre sa retraite, transmettre sa ferme
Christophe Grison a reçu son exploitation de son grand-père : « et d’ici trois, quatre and, on va commencer à réfléchir à ma propre transmission collectivement ». « Savoir comment nos fermes vont être reprises », c’est l’enjeu le plus central pour Véronique Marchesseau : « les exploitations à transmettre aujourd’hui ne correspondent pas forcément aux candidats qui se présentent » explique-t-elle, parce qu’elles ont grossi en surface, en production, en outils. C’est une question de capital initial à investir, mais aussi de projets d’exploitation : « certains souhaitent s’installer sur des filières précises, et on a pas forcément les fermes en face » s’inquiète Julien Rouger. Selon lui, « il y a un travail à faire des deux côtés : les exploitants qui partent doivent être attentifs à la transmissibilité de leur ferme, et les porteurs de projets doivent accepter de partir de l’existant, et de le faire évoluer ».
Les nombreuses attentes du monde agricole
Pour Christophe Grison, il faut de la « souplesse » : « avec des voies de transmission plus souples, avec reprise de quelques parts, progressivement ». « On doit également avoir une meilleure prise en compte de la pénibilité » déclare Julien Rouger, « si on regarde le travail fourni et le niveau de la pension à la fin, c’est indécent ». Julien Dive regrette notamment que quatre critères de pénibilités aient été supprimés lors du dernier quinquennat. « Il y a un besoin de reconnaître le travail des travailleurs non-déclarés, en particulier des femmes » poursuit Véronique Marchesseau. Elle s’inquiète des conséquences de la réforme des retraites qui touchera aussi le monde agricole : « notre corps s’use et c’est notre outil de travail, on peut pas lui demander la même chose quand on démarre et quand on arrive à 60 ans, et a fortiori à 64 ». Globalement, elle appelle à protéger l’accès au foncier face aux grandes entreprises : « l’agriculture est en train d’échapper aux paysannes et aux paysans ».
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- Paul MarguierStagiaire