"Premier Ministre" : épisode 35 du podcast Les termes du débat

Définition du terme dans le dictionnaire Le Robert.
Définition du terme dans le dictionnaire Le Robert. - Juliette Mouëllic
Définition du terme dans le dictionnaire Le Robert. - Juliette Mouëllic
Définition du terme dans le dictionnaire Le Robert. - Juliette Mouëllic
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Emmanuel Macron tarde à faire connaître le nom de son Premier ministre. Mais quel est exactement le rôle de ce chef du Gouvernement, peu codifié par le droit, souvent considéré comme un des postes les plus compliqués à occuper au sein de la Ve République ?

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Alors que le Président de la République consulte et réfléchit à celui ou celle qui pourrait être le chef ou la cheffe du gouvernement, nous avons convié deux anciens Premiers ministres, Jean-Pierre Raffarin et Jean-Marc Ayrault pour une réflexion sur le rôle qu’ils ont pu jouer avec les présidents qui les avaient choisi en leur temps, Jacques Chirac et François Hollande.

Qu’est-ce donc qu’un Premier qui est en fait deuxième ? Une fois que le chef de gouvernement a réussi à gagner les législatives, comme on le lui demande, comment diriger une majorité qui voit naître des ambitions et donc des concurrents ? Comment calmer les entourages de l’Elysee et de Matignon qui jouent de cette concurrence ?

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Comment gérer des crises quand le partage des responsabilités entre Présidence de la République et Matignon est toujours aussi flou et réglé par des usages plutôt que par des textes ? Que faire des sondeurs et des médias qui accélèrent la guerre de tous contre tous ?

Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Jean-Marc Ayrault, ancien Premier Ministre, Président de la fondation pour la mémoire de l’esclavage et Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier Ministre, membre honoraire du Parlement et Président de la Fondation pour la Prospective et l'Innovation, Président de Leaders pour la Paix.

Jean-Marc Ayrault met en lumière le rôle primordial du Premier ministre et la nécessité de moins concentrer les pouvoirs à l'Elysée afin de laisser davantage de place pour une démocratie sociale : "Il y a deux votes : celui de l'élection au suffrage universel du Président de la République, et celui de l'élection des députés, qui est une autre légitimité qu'il ne faut pas oublier. (...) Présider est une chose, gouverner en est une autre. Malgré ce que dit clairement la Constitution, beaucoup de Présidents sont tentés de tout faire par eux-mêmes. C'est un dévoiement de nos institutions qui s'est accentué avec le quinquennat. (...) Je récuse la notion de l'enfer de Matignon. (...) C'est l'expérience politique qui guide sur cette relation avec la majorité. L'administration de l'Etat est principalement à Matignon, et pas à l'Elysée. (...) Je préfèrerais qu'on fasse respirer davantage nos institutions démocratiques, et moins concentrer à l'Elysée. (...) Quand la démocratie sociale fait défaut, les grandes réformes ne passent pas. (...) Il y a une forme d'abandon des grandes causes politiques et des grandes idéologiques au bénéfice d'un enjeu de pouvoir, d'un enjeu tactique, souvent assez superficiel, qui éloigne de la politique ."

Jean-Pierre Raffarin note l'importance de faire exister davantage les discussions et les débats au Parlement, et de redonner au Premier ministre le rôle clé de chef de la majorité : "Le Premier ministre est là pour incarner des objectifs que le Président a défini. Parmi ces objectifs, il peut y avoir plus ou moins la victoire aux législatives, le contexte peut être très variable. (...) Le chef de la majorité est le Premier ministre, mais les choses ont évolué, par exemple Nicolas Sarkozy se considérait comme chef de la majorité. Emmanuel Macron a continué dans cette logique. (...) A Matignon, il y a rarement plus d'une heure de bonheur. (...) Dans la Ve République, celui à qui on coupe la tête, c'est le Premier ministre. (...) Je crois qu'il faut vraiment que le Parlement soit renforcé. De ce point de vue là, le quinquennat fait que le député n'a pas sa légitimité propre. (...) Il faudra soit des élections à mi-mandat, soit faire des élections législatives dans le quinquennat. Il faut renforcer la politique par le Parlement mais aussi la démocratie sociale par la représentativité syndicale. (...) Ce qui menace notre pays aujourd'hui, c'est la violence. Or quand la violence avance, c'est que la politique recule. Le débat doit exister dans les institutions, plus que dans la rue. (...) Il faudrait une coalition, un contrat de gouvernement entre un centre droit et un centre gauche, avec un Premier ministre chargé de l'application de ce contrat, sous les arbitrages du Président."

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