

Infobésité, fake news, FoMO ... Autant d'expressions qui corroborent un changement dans notre relation aux médias. Comment les nouvelles façons d'informer (chaines d'infos en continu, push...) modifient-elles notre quotidien ? Quels effets sur nos émotions ? Comment hiérarchiser les informations ?
- Dominique Cardon Sociologue et directeur scientifique du Médialab de Sciences Po
- Emmanuelle Daviet Journaliste
- Anne-Sophie Novel Journaliste et blogueuse spécialisée dans l'écologie, les alternatives durables et la consommation locale
- Luc Bronner Directeur de la rédaction Le Monde & lemonde.fr
Alertes sur nos téléphones, chaînes télévisées ou radio d’information en continu, notification venant de nos réseaux sociaux : depuis 20 ans, les alertes d’information se sont multipliées au point de pousser certains et certaines d’entre nous à entrer de temps en temps dans des périodes de diète médiatique.
Quel est l’effet de ce surplus, voire de ce trop plein de nouvelles ? Nous excite-t-il ? Nous déprime-t-il ? Provoque-t-il chez nous de l’angoisse ?
Pour aller plus loin
- Comment les médias se sont fait une place sur les écrans de smartphones, La Revue des Medias, le 25/03/2019
- Entre crise de confiance et perte de repères, l'intérêt pour l'information est au plus bas, France Info, le 23/01/2018
Internet et l'information
- Google et compagnie : main basse sur l’information, ACRIMED, le 22/10/2019
- « Il faut réguler le marché de l'information sur Internet », Entretien avec Gérard Bronner pour Cerveau et Psycho, le 25/01/2017
- Désinformation sur les réseaux sociaux : ce que révèlent les statistiques, Cerveau et Psycho, le 25/03/2017
Les effets de trop d'infos sur le cerveau
- Face à trop de médias, le cerveau perd-il les pédales?, Sciences et Avenir, le 26/08/2009
- Actualités, réseaux sociaux... : comment notre cerveau nous rend accro à l’info, Pourquoi Docteur, le 26/06/2019
Sur nos invités :
Anne-Sophie NOVEL, journaliste, auteure et réalisatrice spécialisée dans l'économie collaborative, l'écologie et l'innovation sociale
- Médias : la grande réinvention ?, La Revue des Medias, série de cinq épisodes sur le journalisme, publiée le 11/10/2019
Moi, c'est d'abord une souffrance qui m'a donné envie de m'intéresser à ça. Une souffrance du public que je pouvais percevoir parce que l'agressivité et la défiance à l'égard du journalisme des médias m'a toujours surpris.
Luc Bronner, directeur de la rédaction Le Monde depuis 2015. Il a été précédemment journaliste du journal, spécialiste des banlieues. Le prix Albert Londres lui est décerné en 2007
Dans un premier temps, c'est évidemment un gain démocratique et un gain en termes d'information. Toute la difficulté, c'est à le moment où l'info devient infobésité, c'est à dire devient de mauvaise qualité, intervient sur des doses qui sont qui sont parfois nocives. Donc, à quel moment nous, journalistes, nous en position de rédacteur en chef et de directeur de la rédaction devons être capable de ralentir et de donner du temps, du temps long aux journalistes pour travailler différemment.
Je trouve qu'on est dans un moment politique et intellectuel qui est absolument passionnant, où on voit qu'il y a une remise en question de système intellectuel, d'un mode de pensée que nous, médias, pouvons faire vivre et qu'on peut faire vivre en partant de ce que vous décrivez comme des moments difficiles.
Dominique Cardon, professeur de sociologie, et directeur de Médialab à Sciences Po.
- Site du Medialab
- «Le clivage gratuit-payant fabrique des publics différents, un journalisme à plusieurs vitesses», Le Monde, le 19/06/2019
On assiste aujourd'hui à une sorte de tension de plus en plus forte entre une augmentation extrêmement forte de la qualité et de la production de l'information avec un lectorat, petit mais quand même consistant pour cette information. Et puis, tout un espace social dans lequel l'intérêt pour l'information n'a pas spécialement augmenté. C'est un phénomène d'accélération des inégalités dans l'exposition et dans l'accès aux informations.
On est dans une situation où l'information s'est mondialisée, s'est globalisée. Elle arrive sur l'écran de téléphone portable de chaque individu et du coup, on a une sorte d'interaction immédiate et directe dans le monde, dans lequel chacun devient la plaque sensible de tous les échos tonitruants du tohu-bohu du monde.
Emmanuelle Daviet, Médiatrice Radio France.
[Sur l'infobésité] Ça provoque un syndrome de surcharge cognitive. Parce qu'effectivement, on n'arrive plus à distinguer ce qui relève du futile, de l'accessoire, de l'important, de l'essentiel pour comprendre le monde, l'environnement dans lequel on est.
Le monde qui se présente à nous dépend des informations que nous recevons, soit en écoutant des antennes, soit en lisant des journaux, soit en regardant la télévision. Et ce que je constate, c'est que la relation à l'information, elle, est quand même très irrationnelle, c'est à dire qu'il y a une illusion de d'ubiquité, une illusion parfois de maîtrise. Il faut bien différencier l'information de la connaissance.
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