Quelle diplomatie avec les Talibans ?

Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement taliban, lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 31 août 2021
Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement taliban, lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 31 août 2021 ©AFP - Wakil Kohsar
Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement taliban, lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 31 août 2021 ©AFP - Wakil Kohsar
Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement taliban, lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 31 août 2021 ©AFP - Wakil Kohsar
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Le 15 août dernier, l'Afghanistan est tombé aux mains du mouvement taliban. Entre coopération de fait et dialogue secret, la posture morale de la diplomatie a-t-elle encore un sens ? Pour venir en aide à la population afghane, un dialogue est-il envisageable ? Faut-il coopérer avec les talibans ?

Avec
  • Jean-Yves Berthault Ambassadeur de France à Kaboul entre 1979 et 1981. Conseiller politique de la mission spéciale de l’ONU en Afghanistan en 1997. Chef de la mission diplomatique française à Kaboul de 1998 à 2001.
  • Mortaza Behboudi Journaliste, reporter franco-afghan
  • Andreï Gratchev Historien, politiste, spécialiste des relations internationales et ancien conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, dont il fut le porte-parole officiel d’août à décembre 1991

Depuis la chute de Kaboul, les chancelleries du monde entier se demandent quelle attitude adopter. Faut-il reconnaître ce nouveau gouvernement ? Si oui, de quelle façon ? Que faire de nos ambassades à Kaboul ?

Jean-Yves Berthault explique l'importance de maintenir un contact :  "La France ne reconnaît pas les gouvernements, elle reconnaît les états... La diplomatie c'est souvent  le fait d'analyser à la loupe, les signes avant-coureurs des changements. Le pragmatisme et la réalité politique nous contraindront et nous contraignent déjà à des contacts, même s'ils sont indirects à travers le Qatar. Mais on va devoir parler pour venir en aide aux afghans. Il va aussi falloir comprendre de quel bois ils sont faits."

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Les enjeux d'une diplomatie avec l'Afghanistan s'étendent bien au-delà des frontières afghanes, Andreï Gratchev met justement en exergue les diverses problématiques qui en découlent : "Est-ce qu'il s'agira de la même pratique ? Vont-il respecter les engagements et promesses qu'ils avaient donné il y a quelques semaines ? Avant il y avait quand même la possibilité de la constitution d'une coalition internationale face au régime taliban, ce qui n'est plus le cas... Quelles seront leur relation avec le reste des membres d'Al-Qaida et de l'Etat Islamique ? De toute cette mosaïque, qu'est-ce qui va en ressortir ?" 

D’autant que l’ambiance, curieusement optimiste il y a deux semaines de la part de diplomates occidentaux, semble avoir changée. Certains imaginaient alors la naissance d’un pouvoir plus modéré, mais il semble que beaucoup soient revenus sur leur propre appréciation.

La situation reste alarmante, Mortaza Behboudi, en direct de Kaboul, insiste : "On ne doit pas laisser l'Afghanistan aux pays qui soutiennent les talibans depuis le début... Les talibans cherchent de maison en maison, de bâtiment en bâtiment, les activistes et journalistes qui se levaient contre eux... On a plusieurs membres du gouvernement qui sont d'anciens détendus de Guantanamo. Les jeunes afghans et afghanes attendaient un gouvernement inclusif, pourtant il n'y a pas de femmes."

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