Le 14 juillet, Emmanuel Macron a dessiné un " nouveau chemin " pour la fin de son quinquennat. Relance, retraite, écologie... Le président de la République veut poursuivre le calendrier réformateur, ciment de son élection. Mais est-il en capacité de mener à bien toutes ces réformes d’ici 2022 ?
- Brigitte Gaïti Professeure de sciences politique à l'université Paris I
- Laurent Jeanpierre Professeur de science politique à l’université Paris VIII
- Christophe Sirugue Député PS, rapporteur du projet de loi Travail
Historiquement, le temps politique a régulièrement été découpé en unités distinctes, la première étant la prise de pouvoir et les potentialités de réforme qu’elle contient : on parle ainsi des cent premiers jours ou de l’état de grâce attendu d’un gouvernement débutant. Mais qu’en est-il des ultimes mois au pouvoir ? Les réformes qui n’ont pas été réalisées dans les premières années le sont-elles dans les dernières ?
Nous sommes, par ailleurs, dans un contexte de crise sanitaire majeure, qui devrait se transformer en crise économique et sociale dans les mois qui viennent. Pourtant, le président de la République hier et le Premier ministre ce mercredi ont déployé un éventail de mesures à boucler avant la fin du quinquennat. Quelles chances ont-elles de voir le jour ?
Pour en débattre, nous recevons Christophe Sirugue, rapporteur en 2016 de la " loi Travail ", Laurent Jeanpierre, professeur de science politique à l'université Paris VIII et Brigitte Gaïti, professeure de science politique à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Avec le quinquennat, le temps électoral se rétrécit énormément et les dernières années sont très difficiles, car les anticipations commencent : qui va gagner, qui va perdre ? Les discours présidentiels et de campagne, ce sont donc des moments d’enchantements, car, pour une fois, le politique peut décider et réformer le monde social.
Brigitte Gaïti
Je pense qu’il y a une évolution dans la représentativité du monde des élus et c’est quelque chose d’extrêmement préoccupant car cela participe au fait que les personnes aujourd’hui ne se reconnaissent plus dans les hommes et les femmes qui gouvernent. Je suis donc plus prudent dans la critique de nos rouages administratifs, car ce sont eux qui nous permettent de tenir pendant une crise.
Christophe Sirugue
Il y a un régime de mobilisation permanente, avec une autonomisation des mobilisations par rapport aux organisations partisanes et aux institutions (ONG, syndicats…). Les formes de la démocratie pratique sont donc de plus en plus variées, et les assemblées citoyennes servent en partie à juguler une partie des contestations, mais on ne sait pas encore comment elles peuvent contribuer au monde législatif et comment le pouvoir va accueillir leurs propositions.
Laurent Jeanpierre
Pour aller plus loin :
Actualités :
À quoi ressemblera « l’acte III » du quinquennat d’Emmanuel Macron ?, par Gauthier Vaillant, La Croix, 04.06.2020.
14-Juillet : ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron, par Arthur Berdah, Louis Heidsieck et Charles Sapin, Le Figaro, 14.07.2020.
La déclaration de politique générale de Jean Castex : « ressouder » la France, « réarmer » les territoires et défendre la laïcité « avec intransigeance », Le Monde, 15.07.2020.
Analyses :
Jean-Dominique Merchet. État profond: « L’effroi d’un honnête homme qui se réveille ficelé par des brigands », L’Opinion, 13.07.2020.
Brigitte Gaïti. « Gouverner le Gouvernement : les trajectoires des politiques de coordination gouvernementale en France (1935-2019) », Revue française d'administration publique, 2019/3 (N° 171).
Guillaume Marrel et Renaud Payre (dir.). Temporalité(s) politique(s) : le temps dans l’action politique collective, De Boeck Supérieur, 2018.
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