Restructurations d’entreprises : le Covid est-il un alibi ?

Restructuration chez Michelin
Restructuration chez Michelin - SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP
Restructuration chez Michelin - SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP
Restructuration chez Michelin - SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP
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Et si le covid était, pour les entreprises, la bonne excuse aux plans sociaux.

Avec
  • Patrick Puy Manager de crise et Président de Vivarte
  • Nadine Levratto Économiste et directrice de recherches au CNRS
  • Caroline André-Hesse Avocate spécialisée en droit du travail

Au programme jusqu’à 19h une question qui a émergé ces derniers mois et qui revient fortement après l’annonce mercredi par Michelin de la suppression de 2 300 emplois en France : « Le Covid sert-il d’alibi aux restructurations d’entreprises ? »

C’est ce qu’affirment par exemple des représentants syndicaux comme Philippe Martinez pour la CGT ou Yves Veyrier pour Force Ouvrière, qui dénoncent par ailleurs les dividendes distribués par Danone, Auchan, IBM ou Total au même moment où ces sociétés annoncent des plans sociaux…

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Plus inattendu c’est aussi ce que disait, de façon certes nuancée, la Ministre du Travail Elisabeth Borne devant l’Assemblée nationale en novembre dernier : « Lancer des procédures sociales d'une telle ampleur en pleine crise sanitaire pose question ». Car le gouvernement a, suivant le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron, aligné les dispositifs et les milliards pour soutenir l’économie.

Mais que ce soit les prêts garantis par l’Etat ou le report des charges sociales, ils devront bien être payés, la baisse de 9% du PIB attendue pour 2020 est aussi une dure réalité. Des organismes, comme l’OFCE, estiment ainsi que s’il y a eu environ 900 000 destructions d’emploi en 2020, il aurait pu y en avoir 240 000 de plus… des emplois maintenus artificiellement et qui pourraient bien ne pas survivre à 2021. D’autres relèvent le nombre finalement assez faible de restructurations ou de faillites. Dans ce cas comment peut-on vraiment parler du Covid comme d’un alibi ?

Une entreprise doit s'adapter. Les chefs d'entreprises ne sont pas des économistes. (...). Il ne faut pas s'interdire de regarder la masse salariale. - Patrick Puy -

On peut se demander lorsqu'il s'agit d'arbitrer entre travail et capital, quelles sont les priorités des entreprises. (...). Qui est la variable d'ajustement à l'aune des dividendes versés. - Nadine Levratto -

Il faut rappeler que la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi ou de la suppression de postes est quelque chose de traumatisant pour les entreprises, et si on est cynique c'est quelque chose d'extrêmement coûteux. C'est une variable d'ajustement pas si simple à mettre en place. - Caroline André-Hesse -

Quitte à être un peu provocateur le capitalisme n'est pas une théorie, c'est une évidence. Une entreprise doit attirer des capitaux en les rémunérant. (...). Le débat qui consiste à opposer dividendes à plan social me paraît un débat d'un autre siècle. - Patrick Puy -

Le chef d'entreprise dans les grands groupes, n'est pas celui qui met en place le plan de sauvegarde de l'emploi, c'est souvent des cabinets qui interviennent pour traiter la chose plus froidement avec moins de proximité entre ceux qui mettent en place ces plans et ceux qui les subissent. (...). Même dans des entreprises, dans lesquelles l'Etat est actionnaire, et qui ont pu bénéficier des aides mises en place, n'ont pas été particulièrement exemplaires. - Nadine Levratto -

Il y a quand même un garde fou qui est lié à la participation active dans la négociation de ces accords (accords de performance collective) et leur mise en place, des organisations syndicales représentatives. - Caroline André-Hesse -

Musique diffusée : 

  • Hot Stuff de Donna Summer

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