Erigé comme tradition culturelle française, le système des prix des institutions culturelles est critiqué pour son entre-soi, sa cooptation, son opacité. Comment le réformer pour le faire sortir du vieux monde ?
- Blaise Mendjiwa Réalisateur
- Brigitte Rollet Chercheuse au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines
- Sylvie Ducas Professeure de littérature contemporaine à l’Université Paris-Est Créteil, spécialiste des questions relatives au statut de l’écrivain et aux métiers du livre
- Claire Denis Réalisatrice
Dans quelques heures commencera, salle Pleyel à Paris, la cérémonie des Césars qui promet d’être agitée après la démission en bloc de l’académie qui dirige ce prix.
Mais au-delà de cette institution, les attaques récurrentes contre les jurys des prix littéraires et culturels laissent entendre qu’une sorte d’insatisfaction, liée à l’entre-soi et à leur manque de diversité dans leur composition, travaille ces structures supposées rendre un hommage annuel aux meilleurs de chaque discipline.
Des mœurs qui changent et des logiques économiques qui demeurent
Brigitte Rollet à propos des Césars, dénonce : "une institution qui a été pensé à une certaine époque, qui a intégré certaines idées et personnalités, mais qui n'a pas nécessairement réalisé que le monde changeait autour et que certaines choses qui étaient possibles en 1975 le sont sans doute beaucoup moins depuis le début du XXIème siècle, et encore moins depuis les dix dernières années".
Elle ajoute cependant qu'on "ne peut pas penser le cinéma comme coupé de toutes les contingences matérielles et économiques. Il y a, certes, une idée du cinéma que la plupart des cinéastes des deux sexes et de toutes les couleurs souhaitent mettre en oeuvre, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils ont ce pouvoir de changer indépendamment des institutions, soit qui les financent, soit qui les récompensent".
Une nouvelle esthétique ?
On voit se dessiner un nouveau paradigme, une nouvelle esthétique, une nouvelle définition du goût des films qui n'a rien à avoir avec le canon classique académique qui reste celui de nos académies. Sylvie Ducas
Pour le réalisateur Blaise Mendjiwa, "la rupture avec les esthétiques dominantes est un souci auquel sont confrontés des réalisateurs, des auteurs issus des minorités. Ils revendiquent la liberté de pouvoir créer sans devoir se soumettre à cette tyrannie esthétique dominante. [...] Est-ce-que vous vous êtes posés la question : pourquoi, sur les plateformes numériques, les films français qui marchent le mieux, sont les films où il y a de la diversité ?"
L'ethnique, le social, le populaire ... et ce qui est primé
Brigitte Rollet, à propos de la suppression dans les Victoires de la musique de la catégorie rap, qui est une des catégories marchandes qui fait le plus vendre et qui pourtant, n'est jamais représentée dans les cérémonies de remise de médailles, note que "la dimension ethnique [...] est redoublée de la dimension populaire. On pourrait dire la même chose pour les Césars. Je crois qu'il y a deux ans a été introduit le prix du meilleur succès au box office puisque, jusqu'à lors, les films dont on parlait n'étaient pas nécessairement des films qui avaient fait le plus d'entrées en salle."
Je pense qu'il y a une articulation dont il faut tenir compte entre le populaire, c'est à dire ce qui plaît au plus grand nombre, et la dimension ethnique et sociale" Brigitte Rollet
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