"Corse" : épisode 28 du podcast Les termes du débat

Définition du terme "Corse" et carte, dans le dictionnaire Le Robert.
Définition du terme "Corse" et carte, dans le dictionnaire Le Robert. - Juliette Mouëllic
Définition du terme "Corse" et carte, dans le dictionnaire Le Robert. - Juliette Mouëllic
Définition du terme "Corse" et carte, dans le dictionnaire Le Robert. - Juliette Mouëllic
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“Nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie”, a affirmé Gérald Darmanin le 15 mars dernier, après deux semaines de vives manifestations en Corse. D’où vient le désir d’autonomie ? Comment trouver un compromis adapté aux spécificités corses mais compatible avec la Constitution ?

Avec
  • Michel Vergé-Franceschi Historien, spécialiste du XVIIIe siècle, de l’histoire de la Marine et de la Corse

Voilà une région de France qui, depuis 1975, a souvent donné du fil à retordre aux ministres de l’intérieur de la Ve République. Leurs voyages à Ajaccio sont souvent marqués par des heurts et des cris de manifestants. Celui de Gérald Darmanin n’a pas dérogé à la règle, même si la promesse d’avancer rapidement dans la voie de l’autonomie a momentanément calmé les violences postérieures à l’étranglement d’Yvan Colonna dans sa prison d’Arles le 2 mars dernier.

Quel type d’autonomie pour la Corse quand celle-ci avait été, jusqu’alors, refusée par l’actuel Président de la République ? Et d’où vient ce désir d’autonomie ?

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Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Michel Vergé-Franceschi, historien, professeur des universités émérite, spécialiste de l'histoire maritime française et de la Corse et Vanina Profizi, agrégée et docteure en histoire, secrétaire générale de la revue "Études Corses".

Michel Vergé-Franceschi met en lumière la notion de peuple corse et souligne l'importance de dédier un article spécifique à la Corse dans la Constitution française : "Pendant quarante ans, il y a eu des erreurs. Il y a eu des responsables des deux côtés. (…) C’est dans les périodes où il n’y a rien à faire, où il n’y a pas de grand idéal qu’on propose à la jeunesse, qu’on revient sans arrêt sur le passé. Ce qu’il se passe aujourd'hui rappelle encore plus, et débouche sur le malheureux incident où la République est en train de céder. C'est un problème récurrent. Tout dépend pendant ces quarante ans de ce que l’on enseigne à nos jeunes. (…) La notion de peuple corse est tout à fait exacte, comme le peuple alsacien, breton ou basque. La France est une mosaïque. (…) On peut mettre tout ce qu’on veut dans le terme “autonomie”. Si on a un article dans la Constitution, je voudrais que la Corse soit mentionnée seule dans cet article."

Vanina Profizi insiste sur le flou de la notion d'autonomie et sur la crainte d'un décalage entre la mise en pratique de celle-ci et les aspirations corses : "Derrière la revendication d’autonomie, il y a la volonté de traduire, sur le plan institutionnel voire sur le plan politique, un sentiment ancien de particularisme, de spécificité, qui est certes à mettre en rapport avec les réalités corses, mais aussi avec le regard porté depuis longtemps sur la Corse par le continent, qui entretient ce sentiment d’altérité (…) La République n’arrive pas à voir la situation de la Corse autrement que sous l’angle d’un régionalisme auquel on pourrait répondre par une décentralisation poussée (…) Il n’y a pas à voir dans l’autonomie un premier pas forcé vers l’indépendance. (…) On peut craindre qu’il y ait un décalage entre cette exaltation autour d’un certain nombre de symboles, et la réalité de ce qu’est l’autonomie, qui est un processus beaucoup plus pragmatique. (…) Pour l’instant, il n’y a rien de très concret, de très précis, qui soit proposé. Il faut attendre de voir ce que chacun met dans l’autonomie."

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