Travailleurs de plateformes : vers un nouveau prolétariat ?

Un cycliste d'Uber Eats en livraison pendant le couvre-feu, place Saint-Pierre à Toulouse  (16/01/21)
Un cycliste d'Uber Eats en livraison pendant le couvre-feu, place Saint-Pierre à Toulouse  (16/01/21) - Georges Gobet / AFP
Un cycliste d'Uber Eats en livraison pendant le couvre-feu, place Saint-Pierre à Toulouse (16/01/21) - Georges Gobet / AFP
Un cycliste d'Uber Eats en livraison pendant le couvre-feu, place Saint-Pierre à Toulouse (16/01/21) - Georges Gobet / AFP
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Selon les estimations en 2025, plus d’un demi-milliard de personnes feront partie des "travailleurs de plateforme", payés quelques euros de l’heure pour satisfaire le consommateur toujours plus pressé. Quelles sont leurs conditions de travail et quels sont leurs moyens de contestation ?

Avec
  • Barbara Gomes Maîtresse de conférences en droit social à L’Université Polytechniques Hauts-De-France, Conseillère de Paris
  • Gurvan Kristanadjaja Journaliste à Libération
  • Antonio Casilli Professeur à Telecom Paris, Institut Polytechnique de Paris

Pendant que les syndicats défilaient dans toute la France pour faire valoir les droits des travailleurs, des livreurs, des chauffeurs, des coursiers ne se sont pas arrêtés une seconde pour livrer, sur des vélos ou scooters de fortune, toujours plus de colis signés Amazon ou de plats chauds ou froids, servis par Deliveroo ou Uber Eats.

On les appelle « les travailleurs de plateforme », selon les estimations en 2025, plus d’un demi-milliard de personnes feront partie de cette classe d’individus guidés par des algorithmes, payés quelques euros de l’heure pour satisfaire le consommateur qui clique plus vite que son ombre. Des consommateurs, pressés que nous sommes tous, à un moment ou un autre.

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Comment la pandémie a impacté sur leurs conditions de travail ? Quelle est d’ailleurs la réalité de leur métier loin des promesses d’indépendance et quels sont leurs moyens de contestation ?

Enfin, derrière ces hommes et ces femmes, qui habitent nos rues d’après couvre-feu, qui sont ces travailleurs du clic, ceux que nous ne voyons même pas et qui, derrière la grande machine, participent au mirage du numérique ?

Tel est le programme de ce « Temps du débat » à écouter jusqu’à 19h sur France Culture ou quand vous le désirez sur l’application de Radio France.

Une grosse journée pour un livreur de plateforme, c'est 80 euros. Dans le temps de rémunération, il faut compter le temps d'attente. (...). Quand on allume l'application, il faut attendre que ça sonne, et les livraisons sont aléatoires... Comme c'est un travail indépendant, et que les plateformes ont fait le choix du statut auto-entrepreneur dès le départ, c'est une rémunération à la tâche et le temps d'attente n'est pas rémunéré... - Gurvan Kristanadjaja -

Il ne faut pas sous-estimer cet élément d'attente, un moment d'astreinte, qui est en réalité un moment productif. Même si les livreurs ne sont pas payés pour le temps passé sur l'appli, et à attendre une nouvelle livraison, ils produisent de la donnée pour la plateforme, et cette donnée est la vraie richesse. En réalité, on peut même considérer que l'acte même de livrer, ou de se déplacer, n'est que la façade de la véritable activité qui produit de la valeur et qui tourne autour de la donnée. - Antonio Casilli - 

La pandémie aggrave forcément les conditions de travail dès lors que les travailleurs, qui exercent au sein des plateformes, ne sont pas protégés par le statut salarial. Et ça a des conséquences directes notamment sur l'obligation de sécurité... - Barbara Gomes - 

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