Y a-t-il encore une place pour les défenseurs des droits de l'homme en Russie ?

Photo du siège de Memorial à Moscou, le 15 novembre 2021
Photo du siège de Memorial à Moscou, le 15 novembre 2021 ©AFP - Alexander NEMENOV
Photo du siège de Memorial à Moscou, le 15 novembre 2021 ©AFP - Alexander NEMENOV
Photo du siège de Memorial à Moscou, le 15 novembre 2021 ©AFP - Alexander NEMENOV
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La Cour suprême russe examinait aujourd'hui une requête de dissolution de l'ONG mondialement connue : Memorial. Historiquement dédiée à étudier et à faire connaitre les crimes de la période soviétique, la pérennité de cette association de défense des droits de l'Homme est menacée...

Avec
  • Jean de Gliniasty Directeur de recherche à l'Iris, ancien ambassadeur de France à Moscou (2009-2013), spécialiste des questions russes
  • Sacha Koulaeva Experte indépendante en droits humains et société civile en Europe de l’est
  • Nicolas Werth directeur de recherche émérite au CNRS et président de la branche française de Memorial International

Aujourd’hui se tenait à Moscou, devant la Cour Suprême, le procès pouvant conduire à la dissolution de l’association Mémorial International, créée entre autres, en 1989, par le Prix Nobel de la paix Andreï Sakharov.

Destinée à l’origine à entretenir la mémoire des victimes des crimes soviétiques et à établir l’histoire des répressions politiques, elle a progressivement élargi ses prérogatives jusqu’à défendre de multiples victimes des atteintes actuelles aux droits humains.

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Memorial est poursuivie par le Parquet général pour avoir violé la loi sur les « agents de l’étranger » qui exige, depuis 2012, que les associations déclarent l’ensemble des fonds et dons recueillis à l’étranger pour les financer.

L’audience d’aujourd’hui s’est conclue par un renvoi du procès au 14 décembre.

Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Nicolas Werth, historien spécialiste de l’histoire de l’Union soviétique, Sacha Koulaeva, experte indépendante en droits humains et société civile en Europe de l’Est et Jean de Gliniasty, directeur de recherches à l’IRIS et ancien ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013.

"Si on parle de ce qu'il s'est passé aujourd'hui, au procès de Memorial, ça en dit long sur la situation des droits de l'Homme dans tout le pays. Trois personnes qui sont venues avec des "espèces de pancartes" ont été embarquées immédiatement et privées de liberté… La liberté d'expression est très menacée. (...) C'est comme si le gouvernement disait 'vous voulez parler de droits humains, parlons-en ! On va accuser les défenseurs de droits humains de violer les droits humains !' " Sacha Koulaeva

"Il y a dans l'esprit des dirigeants russes un lien étroit entre la situation de tension internationale et la situation interne. D'ailleurs, on retrouve des données, qu'on trouvait déjà dans les années 30, où les soviétiques se sentaient assiégés et cela justifiait une partie des massacres…" Jean de Gliniasty

"C'est un travail immense qui a été accompli par Memorial depuis une trentaine d'années par Memorial International puisque, pour ne citer que quelques unes de ses réalisations, l'ONG a récolté des milliers de témoignages de rescapés du goulag, a constitué un énorme fond d'archives personnelles et familiales, plus de 60 000 dossiers (...)" Nicolas Werth

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