Agnès Varda : "J'ai peur de lasser tout le monde maintenant"

Agnès Varda à l'occasion du Festival international de cinéma de Guadalajara en 2010.
Agnès Varda à l'occasion du Festival international de cinéma de Guadalajara en 2010.  - Cortesia de FICG/Oscar Delgado C.C
Agnès Varda à l'occasion du Festival international de cinéma de Guadalajara en 2010. - Cortesia de FICG/Oscar Delgado C.C
Agnès Varda à l'occasion du Festival international de cinéma de Guadalajara en 2010. - Cortesia de FICG/Oscar Delgado C.C
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Agnès Varda a eu trois vies. D'abord elle a été photographe, auprès de Jean Vilar au festival d'Avignon, en Chine, à Cuba. Puis cinéaste à une époque ou il n'y avait pas de femmes cinéastes. Et puis il y a quelques années, elle est devenue artiste visuelle, artiste tout court.

Avec
  • Agnès Varda Cinéaste, photographe et plasticienne (1928-2019)

Agnès Varda dans cet entretien du "Tête-à-tête" revient sur sa coiffure si emblématique de sa personne : elle la conserve depuis qu'elle a 19 ans, "c'était pratique de ne pas changer" remarque-t-elle.

Bizarrement, dans toutes les complications et les vies que j'ai eues, j'ai été très fidèle à quelque chose. Cette espèce de façon de ne pas lutter pour être belle, être jeune, faire mieux que les autres et tout ça... j'ai essayé d'être comme ça, de faire ce que j'avais à faire.. mais qui me le dictais, je ne sais pas.

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Pour se définir, elle préfère le terme d'artiste visuelle à celui d'artiste plasticienne, "on a l'impression qu'on fabrique du plastique quand même !". Elle apprécie de mettre les mains à la pâte y compris pendant les tournages en tant que metteure en scène, "j'ai fabriqué des choses souvent".

Sur sa nouvelle vie d'artiste, "on m'invite, comme si on m'avait ouvert une porte que j'attendais [...] et tout d'un coup j'étais dedans. Alors maintenant j'en profite un peu beaucoup !". Elle s'explique sur sa pratique de la photographie, "j'ai peut-être été un peu trop pro et je n'ai pas profité de tous les gens que j'ai connus". Elle dit regretter de ne pas avoir gardé de souvenirs photographiques personnels comme le font les amateurs.

La cinéaste reconnaît qu'avant son premier film à 26 ans, elle n'était "pas du tout cinéphile". Elle a trouvé la photographie "trop muette" et a eu envie de dialogues. Sur le mélange entre fiction et documentaire dans ses films, "je suis tout le temps tirée d'un côté et de l'autre" observe-t-elle. Agnès Varda évoque aussi son attirance pour les paysages, "je crois à une force des matières et des endroits, des lieux, je ne veux pas dire des décors, mais des lieux-mêmes."

Les idées amènent les mots, les mots amènent les images, les images s'enchaînent. C'est pire que le collage, ça serait presque marabout-bout de ficelle, en considérant que ce n'est pas forcément une idiotie.

En tant que cinéaste, elle a voulu avant tout créer pour le cinéma et non "illustrer le mieux possible" par des adaptations. Elle apsse en revue différents films comme "Le Bonheur" qui met en scène un homme amoureux de deux femmes, elle le défend et affirme qu' "on n'est pas féministe pour être moraliste". Elle s'attarde aussi sur "Cléo de 5 à 7" et sa recherche sur le temps, la durée et "un personnage avec ses moments de peur". Maintenant la cinéaste de 85 ans ne se sent "plus la force" de partir sur un tournage de long-métrage pendant plusieurs semaines. Elle est obligée "un petit peu de ralentir".

Si on sort du problème du succès et de l'argent, ça rend heureux d'être artiste.

Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France

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