

La "politique des identités" impose une phraséologie digne du "1984" d'Orwell.
« L’éducation que j’ai reçue au Amherst College il y a plusieurs décennies, je la chéris comme un trésor. Elle a nourri ma curiosité, mon goût pour les idées. Cela me rend perplexe que cet esprit de recherche contradictoire soit étouffé aujourd’hui par un Code rigidement prescriptif et moralisateur sur la manière dont il faut dorénavant s’exprimer sur ce campus ».
C’est ce qu’écrit Rand Richards Cooper, un écrivain américain, commentant le « Guide du langage commun », édité par le Bureau de la Diversité et de l’Inclusion de ce college du Massachusetts où il a accompli son premier cycle universitaire. Rand Richards Cooper se définit lui-même comme « liberal », ce qui veut dire de gauche modérée aux Etats-Unis. Il publie cette étude dans Commonweal, la plus ancienne des revues intellectuelles catholiques paraissant aux Etats-Unis : elle a été fondée en 1924. Y ont publié de très nombreux intellectuels du monde entier et, en particulier, Hannah Arendt, Emmanuel Mounier, Georges Bernanos, François Mauriac, Graham Greene et Christopher Lasch.
Les question d'orientation sexuelle dominent ces "guides" du parler-correct
Constatant, comme beaucoup d’autres la montée d’une véritable intolérance idéologique sur les campus américains, qui se traduit par ces fameux « Codes de langage », Cooper estime qu’ils traduisent l’hégémonie intellectuelle récemment conquise par la politique des identités. Plutôt que de se définir en termes de classes sociales, comme le faisaient les étudiants influencés par le marxisme, dans les années soixante, l’identité en question est définie par la couleur de peau, l’ethnie et surtout, de plus en plus, par l’orientation sexuelle.
Il remarque que les 2/3 du « dictionnaire » en question sont consacrées aux questions de genre et d’identité sexuelle. Ainsi « l’hétérosexualité » est ainsi définie : « terme développé par le sexologue Karl-Maria Kertbeny en 1868 pour désigner une personne développant des hyper-engouements pour des personnes de l’autre sexe. Dénote aujourd’hui une identité sexuelle normalisée et dominante. » « L’homonormativité » est dénoncée en tant – je cite – qu’approximations hétéronormatives des vies intimes, sentimentales et sexuelles qui sont le produit des normes blanches, néolibérales (capitalistes), sexistes, transmisogynes et cissexistes. »
Une moisson d'acronymes...
Je suis sûr que vous ignorez ce que signifie AFAB. Hé bien, ce sont les initiales de Assigned Female At Birth (assignée femelle à la naissance). De même FTM (Female To Male) désigne une personne en cours de passage de l’identité de femme à celle d’homme et MTW pour l’évolution inverse : Man To Woman. Mais le Code prescrit de ne surtout pas utiliser l’expression « changement de sexe », qui est politiquement très incorrecte. Il faut la remplacer par « gender affirmation surgery », chirurgie d’affirmation de genre.
Mais sont surtout valorisées les « personnes non binaires », celles qui refusent d’être assignées à un genre quelconque. Définition : « une personne dont l’existence magnifique transcende les constructions binaires réductrices et travaille à annihiler une fois pour toutes le genre et l’oppression basée sur le genre. »
La féminité est presque aussi mal considérée que la masculinité. Définition : « ensemble de conduites et de rôles associés aux filles et femmes d’une manière culturellement construite. Ce qui est attendu de personnes assignées en tant que femelles à la naissance. » A rapprocher des XTX, les personnes qui sont en transition d’un genre vers un autre, mais qui refusent que celui-ci soit précisé. Les titres de civilité Mr et Mrs, sont à éviter absolument. Ils témoignent d’une assignation de genre. Le mieux est d’utiliser le neutre MX.
Au sein de chaque tendance, des sous-tendances se livrent une course à la radicalité. La capacité à échanger des arguments rationnels se perd
Mais le sectarisme menace. Ainsi, une branche du féminisme rejette les personnes Trans qui sont devenues femmes, alors qu’elles ont commis le péché d’avoir été hommes dans une ancienne partie de leur vie. C’est ce qu’on appelle le Trans-Exclusionary Radical Feminism, ou TERF.
La politique des identités est devenue une obsession sur les campus nord-américains. Plutôt que de se confronter à la diversité des idées, les étudiants sont invités à explorer leur précieuse identité, à la définir, afin de se prononcer sur toute sorte de sujets « en tant que » membre de telle ou telle communauté « victimisée », - les seules à mériter d’être valorisées.
Ils ne savent plus distinguer une affirmation d’une démonstration, une opinion d’un fait. Non, ils parlent « en tant que X ou Y » et puisque leur expérience de X ou de Y ne saurait être comprise par ceux et celles qui ne partagent pas la même identité, l’échange s’avère impossible.
Conclusion : ces codes orwelliens, loin de favoriser la diversité, comme ils le prétendent, enferment les étudiants dans des conformismes. Veille sur ces pratiques de censure des armées de bureaucrates, les diversity officers. A Amherst, 20 personnes sont employées à ce titre, pour surveiller le langage employé par 1 800 étudiants…
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