L'année 2018 commencera mieux que 2017 pour l'UE

On vous attend, Madame la Chancelière...
On vous attend, Madame la Chancelière... ©AFP - DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO
On vous attend, Madame la Chancelière... ©AFP - DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO
On vous attend, Madame la Chancelière... ©AFP - DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO
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Mais la France a hâte de voir formé le gouvernement de Grande Coalition en Allemagne.

C’est la fin de l’année. Pour l’Union européenne, on peut dire qu’elle finit mieux qu’elle n’a commencé. Et la perspective d’un nouveau gouvernement de Grande Coalition est une bonne nouvelle pour la France. Cette semaine, je vous propose une enquête sur l’état de l’Union – européenne. 

Tout baigne pour l'UE ? Peut-être pas, mais elle traverse un moment de grâce.

En tous cas, il y a un moment de grâce en Europe, selon les optimistes ; et une fenêtre d’opportunité, si l’on préfère écouter les sceptiques. La croissance est de retour, le chômage baisse partout. Contrairement à certains augures, c’est pour le Royaume-Uni que le Brexit se révèle désastreux et non pour le continent. Alors résumons : oui, l’Union européenne a échappé au pire. De là à dire qu’elle navigue en eaux tranquilles, c’est une autre affaire.

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Elle a échappé au pire, premier chapitre : la crise de l’euro n’a pas entraîné l’abandon de la monnaie unique. Ceux qui, il y a encore trois ou quatre ans, prétendaient que l’Euro était condamné, se sont trompés et devraient le reconnaître. Au contraire : à la faveur de la crise, des instruments de soutien ont été imaginés**,** comme le Mécanisme européen de stabilité, l’union bancaire, la BCE a acquis de facto le droit d’éponger les obligations souveraines pour soulager les dettes publiques. D’accord, tout cela a tenu du bricolage, mais à présent les instruments sont là, comme autant de pièces qui manquaient à l’architecture de l’Eurozone.  

L’UE a échappé au pire, deuxio. Ceux qui prédisaient que l’Union européenne ne survivrait aux divisions internes qu’a fait éclater la crise des migrants en sont pour leurs frais. L’espace Schengen, ébranlé, n’a pas été refermé. La lettre adressée la semaine dernière par Donald Tusk, le président du Conseil européen Donald Tusk, aux chefs d’Etats et de gouvernement prend acte avec réalisme de l’échec de la répartition des migrants entre Etats-membres. « Les quotas obligatoires, écrit Tusk, se sont révélés être un facteur de division et pour cette raison, ils s’avèrent inefficaces ». Cela peut bien provoquer la colère du Commissaire aux Migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos, dont le pays est en première ligne. Mais, comme l’écrit le journal allemand Die Welt, « les quotas de réfugiés, c’était une idée stupide. De toute façon, les migrants vont là où ils ont décidé d’aller. » Et la Bulgarie les tente moins que l’Allemagne. C’est comme ça. L’Allemagne elle-même n’a pas envie de recommencer à en accueillir un million et demi en un an : elle n’en a plus les moyens. Ni politiques, ni financiers. 

Mais le principal danger qui menaçait l’UE, c’est ce que l’ancien ministre suédois Carl Bildt appelle « l’effet BTP ». Et celui-là, nous l’avons pris de plein fouet lors de l’année 2016. Au point que, comme il le rappelle, au début de cette année 2017, jamais les pronostics sur l’avenir de l’Union européenne n’avaient jamais été aussi catastrophistes. 

L'effet "BTP" a provoqué le réveil de l'Europe de son sommeil post-historique.

Pa "BTP" Carl Bildt, cela désigne le trio infernal Brexit, Trump, Poutine. Car, voilà bien les trois qui auraient pu, en effet, provoquer la crise de désintégration redoutée par certains, espérée par d’autres. Or, paradoxalement, l’effet BTP a eu pour effet de rapprocher les Européens. 

Le Brexit, souvenez-vous, risquait de déclencher une contagion de ruptures en cascades. Geert Wilders, disait-on, allait gagner les élections aux Pays-Bas et Marine Le Pen, en France. Ces deux pays fondateurs allaient à leur tour être entraînés hors de l’orbite européenne. En réalité, le Brexit a servi d’avertissement. Et c’est largement sur les questions européennes que le Front national entamé son déclin électoral. Quant à Geert Wilders, il a fait, lui aussi, un score électoral très médiocre.

Trump aussi a servi de repoussoir. Après un an de tohu-bohu impuissant, ayant entraîné un énorme déclin de l’influence américaine dans le monde, peu d’électeurs en Europe occidentale demeurent désireux de livrer leur pays à une expérience de démolition aussi insensée de toutes les règles que celle que traversent actuellement les Etats-Unis. 

Merci aussi à Poutine, qui nous a réveillés de notre sommeil post-historique en agressant notre voisin ukrainien, en menaçant les petites républiques baltes qui font partie de notre espace de civilisation. Et en s’invitant à nos élections parce qu’elles sont libres et ouvertes, contrairement à celles qu’il organise lui-même en Russie depuis qu’il y a pris le pouvoir il y a 18 ans…

Pourtant, toute relance de l’Union européenne, a fortiori toute réforme de consolidation de la zone euro passe par une entente franco-allemande. Or, l’Allemagne est aux abonnés absents, pour faute de majorité de gouvernement….

Oui, c’est le problème principal que rencontre Emmanuel Macron. Comme l’écrit 

Jean Pisani-Ferry, un économiste très proche du président, pour la France, « c’est maintenant ou jamais que le changement doit avoir lieu. Si la France et l’Europe remettent à demain ce qui doit être fait aujourd’hui, tout sera bientôt perdu. » L’Allemagne, au contraire, ne ressent pas le même besoin d’urgence. Elle est « peu ou prou satisfaite d’elle-même et de sa place dans le monde. » Les deux pays, écrit-il joliment, sont « sur des trajectoires émotionnelles différentes. » Du coup, c’est la France qui a l’initiative. C’est elle qui est à la manœuvre. On verra comment demain. 

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