La part des énergies fossiles dans le mix mondial : plus de 85 %

La part des énergies fossiles dans le mix mondial : plus de 85 %
Publicité

Malgré le très haut niveau des subventions publiques accordées aux renouvelables, la part de celles-ci dans la consommation énergétique mondiale reste marginale.

Sur le site The Conversation, une spécialiste des questions énergétiques, Sandrine Maljean-Dubois, écrit que le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat pouvait constituer « un électrochoc positif ». Que veut-elle dire ?

Elle raisonne en termes géopolitiques : les politiques énergétiques étaient, au niveau mondial, ces dernières années, dominées par un leadership sino-américain. Trump a accusé l’Accord de Paris d’être particulièrement favorable aux intérêts de la Chine et de l’Inde.

Publicité

Cette dernière, nouveau Grand, dirigé par un leader nationaliste sourcilleux, Narendra Modi, ne l’a pas bien pris. En visite d’Etat en France, ce mois-ci, il a assuré que son pays « irait au-delà de l’Accord de Paris ». L’Inde, 3° plus gros producteur d’émissions de carbone, dépend du charbon à 60 % pour ses centrales électriques. Elle a décidé de doubler sa production d’énergie d’origine nucléaire, sur laquelle elle est en retard, avec seulement 22 réacteurs en service. L’Inde, qui consomme aujourd’hui trois fois moins d’énergie que les Etats-Unis va voir sa demande exploser en raison de sa forte croissance.

La Chine, de son côté, a vu dans le retrait américain, un moyen de démentir ceux qui prétendent que Pékin n’assume pas ses responsabilités internationales. Bref, l’Union européenne, en pointe sur la question environnementale, pourrait bien, sur la stratégie énergétique, redéployer ses alliances en direction des grandes puissances qui partagent les mêmes conceptions et les mêmes inquiétudes qu’elle. L’Allemagne accueillera le COP23 en novembre de cette année. Les Etats-Unis, le 2° pays le plus pollueur de la planète après la Chine, responsable de 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, risquent d’y faire figure d’accusés.

Par ailleurs, souligne Sandrine Maljean-Dubois, on ne sort pas d’un accord international, négocié au cours de plusieurs années, sur le coup d’un caprice et d’un simple trait de plume. Sa dénonciation officielle ne peut intervenir qu’à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de sa date d’entrée en vigueur. En réalité, la décision annoncée par Trump le 1° juin ne pourra prendre effet qu’au moment des prochaines présidentielles. D’ici là, le président américain peut avoir 1) changé d’avis, 2) être sur le point d’être remplacé… à moins 3) qu’il ne l’ait déjà été.

De fait, le retrait américain n’aura qu’une valeur symbolique. Les entreprises, les états fédérés et les grandes villes, bloqueront Trump. Un front du refus s’est immédiatement constitué, auquel appartiennent les gouverneurs (démocrates) de plusieurs états, dont Jerry Brown, le gouverneur de Californie, véritable état dans l’Etat. Ils ont formé une Alliance pour le climat et se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de leur propre état de 26 à 28%. Plusieurs maires de grandes villes en ont fait de même. Tous déplorent la mauvaise image des Etats-Unis que donne son président sur la scène internationale.

Mais Bjorn Lomborg, qui se définit comme « environnementaliste sceptique », accuse, de son côté, les critiques les plus féroces de Trump sur le sujet de tenir un double langage. Ainsi, l’ancien vice-président Al Gore déclare, d’un côté, qu’en se retirant de l’Accord de Paris, le président américain met en danger la santé de nos enfants. Mais, de l’autre, il prétend que les renouvelables sont devenues tellement compétitives que l’abandon des énergies fossiles est inscrite dans la logique de l’économie de marché.

Beaucoup de spécialistes estiment, en effet, que les coûts de production des énergies renouvelables ont tellement baissé qu’elles pourraient devenir compétitives. Et que les progrès en cours dans les technologies de stockage de l’électricité vont résoudre les sérieux problèmes posés par l’intermittence de l’éolien et du solaire.

Ce que Lomborg nie, chiffres en main. Selon lui, si des capitaux considérables ont été investis dans l’éolien et le solaire – 125 milliards pour la seule année 2017, c’est parce que ces sources d’énergie sont subventionnées par les Etats. Mais ils sont loin d’avoir atteint le seuil de rentabilité par rapport aux hydrocarbures; surtout depuis que la baisse des prix du pétrole est intervenue. Et leur contribution à la fourniture d’énergie mondiale demeure cependant très faible, pour ne pas dire marginale.

En réalité, comme l’écrit Marie-Claire Aoun, directrice du centre Energie de l’IFRI, ce qui frappe dans le système énergétique mondial, c’est « sa grande inertie » : « la part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial n’a guère évolué depuis les années 1980. » Et en effet, selon l’Agence internationale de l’énergie, ces énergies fossiles continuent à fournir l’essentiel de la consommation d’énergie primaire de l’humanité, soit 85,5 % - 1/3 pour le seul pétrole, 28 % pour le charbon, 24 % pour le gaz naturel. Les énergies renouvelables ne couvrent que 3,2 % de la consommation mondiale d’énergie.

La bonne nouvelle, c’est que les émissions de CO² sont restées stables d’une année sur l’autre, malgré l’augmentation de la consommation mondiale. Ce qui prouve qu’on progresse du côté de l’efficacité énergétique.

Cependant beaucoup reste à faire. Selon le GIEC, il faudrait parvenir à une baisse très sensible – de l’ordre de 40 à 70 % des émissions, pour parvenir à atteindre les objectifs de la COP21. Il faut le reconnaître avec honnêteté : On n’en prend pas le chemin…

L'équipe