Réparer le monde, la feuille de route de Joe Biden ?

250 000 morts du COVID aux Etats-Unis, un taux de chômage qui grimpe en flèche, le spectre d'une crise économique et sociale de grande ampleur : telle est la situation que va devoir affronter Joe Biden
250 000 morts du COVID aux Etats-Unis, un taux de chômage qui grimpe en flèche, le spectre d'une crise économique et sociale de grande ampleur : telle est la situation que va devoir affronter Joe Biden ©Getty - Eduardo Munoz Alvarez/VIEWpress
250 000 morts du COVID aux Etats-Unis, un taux de chômage qui grimpe en flèche, le spectre d'une crise économique et sociale de grande ampleur : telle est la situation que va devoir affronter Joe Biden ©Getty - Eduardo Munoz Alvarez/VIEWpress
250 000 morts du COVID aux Etats-Unis, un taux de chômage qui grimpe en flèche, le spectre d'une crise économique et sociale de grande ampleur : telle est la situation que va devoir affronter Joe Biden ©Getty - Eduardo Munoz Alvarez/VIEWpress
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La première puissance mondiale vient de se donner un nouveau président dont les décisions politiques auront des conséquences pour le monde entier. A quoi peut-on s’attendre ? Joe Biden va devoir notamment affronter trois urgences : la pandémie, la crise sociale, l'isolement croissant des Etats-Unis.

Le président du très influent think tank américain Council on Foreign Relations publie ses préconisations au président élu, Joe Biden : renouer avec les alliés, négligés par Trump, réintégrer les organisations multilatérales pour y contrer l'influence croissante de la Chine.

Réparer le pays

Selon Richard Haas, le président de l’un du Council on Foreign Relations, la tâche qui attend Joe Biden est immense. "Réparer le monde". Pas moins. Pas le construire, précise-t-il, non le réparer. "Réparer signifie prendre ce qui existe déjà, mais qui a été cassé et le faire fonctionner de nouveau." Parce qu’il y a urgence. Après le temps des réparations, viendra le temps de reconstruire.

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L’urgence, c’est, bien sûr, la situation intérieure du pays. Les Etats-Unis comptent 250 000 morts du COVID, tandis que la course contre la montre pour la vaccination vient à peine de commencer. Il faut mettre en place des lieux où la population pourra se faire tester. Une fois le vaccin disponible, il faudra que les Etats-Unis le fournissent généreusement au reste du monde. En termes d’image, un vaccin germano-américain contre une épidémie venue de Chine, ne peut que bénéficier aux démocraties occidentales. 

Le chômage grimpe, dépassant les 6%, ce qui serait peu chez nous, mais qui est beaucoup aux Etats-Unis. Le filet de protection sociale étant beaucoup moins serré qu’en Europe, cela signifie que des millions d’Américains vont être dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes et qu’un certain nombre vont perdre leur maison. 

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Mettre en œuvre une nouvelle diplomatie

Mais c’est sur le front extérieur que Richard Haas concentre ses avertissements et ses conseils. Il faut réparer d’urgence les bêtises de Trump ; même si, concède-t-il, un certain nombre de ses décisions ont été parfois couronnées de succès. 

Ainsi, sonner les cloches à la Chine pour ses pratiques commerciales asymétriques n’était pas inutile. Peu probable que Biden se montre plus accommodant. Fournir des armes à l’Ukraine : agressés par leur puissant voisin qui a annexé une partie de leur territoire, les Ukrainiens ont bien le droit de se défendre. Renégocier le traité commercial avec le Mexique. Trump et son fameux "art du deal". Réconcilier Israël avec un certain nombre ses voisins arabes. Le grand soulèvement qu’on nous avait promis après le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem ne s’est pas produit. Au contraire, les pétro-monarchies du Golfe se sont rapprochées de la start-up nation, face à l’ennemi commun, l’Iran.

Le lourd passif de l'administration Trump

Richard Haas les résume en trois chapitres. Trump a affaibli les alliances en mettant en question la fiabilité des Etats-Unis. Selon John Bolton, le président sortant avait été réélu, il prévoyait que les Etats-Unis quittent carrément l’OTAN au cours de son second mandat. Trump a eu tort de retirer les Etats-Unis de plusieurs agences internationales et de dénoncer un certain nombre de Traités signés par ses prédécesseurs, sans proposer d’alternatives. Enfin Trump a copiné avec des leaders autoritaires, tels que Kim Jung Un, Poutine, ou Erdogan, abîmant ainsi la réputation des Etats-Unis en tant que puissance au service de la démocratie dans le monde, sans rien obtenir de concret. 

Alliances et institutions internationales

Priorité numéro un : les alliances. Elles constituent "le grand avantage structurel des Etats-Unis". Elles fournissent des ressources pour faire face aux défis planétaires, comme le réchauffement climatique ou la dissémination nucléaire. Mais aussi les moyens de gérer les crises locales. Et de prévenir : dans les récentes années, l’incapacité des Etats-Unis à tenir tête à leurs adversaires et à défendre leurs alliés dans plusieurs régions a érodé leur crédibilité. 

On voit que Haas fait partie du courant de pensée qui, en Amérique, considère que les Etats-Unis ne doivent pas se retirer des affaires mondiales pour se resserrer sur leur sécurité rapprochée. 

Les Etats-Unis nous ont habitués à ces mouvements de balancier. Après le moment Trump de rétractation de la puissance américaine sur elle-même, nous allons probablement assister aux initiatives d’une diplomatie active. Au cours de la campagne, Joe Biden s’est engagé à tenir, à la Maison blanche, un Sommet de la démocratie dès la première année de sa présidence

Mais c’est surtout dans les institutions internationales, telles que l’OMS et l’OMC, que Richard Haas souhaite un retour des Etats-Unis. Certes, la Chine est parvenue par un activisme diplomatique efficace, à obtenir une grande influence au sein de plusieurs de ces agences du multilatéralisme. Mais ce n’est pas une raison pour les bouder, comme l’a fait Trump. 

Dans le même esprit, il est clair que Biden, comme il l’a promis, va réintégrer l’Accord de Paris sur le climat et reprendre langue avec la France et l’Allemagne pour réintégrer l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien

Il va également négocier avec Poutine les conditions pour un remplacement du traité sur la limitation des armements START par un nouvel accord. Et avec la Chine, entamer des discussions pour déterminer les domaines où une coopération est possible (climat, Corée du Nord) et mettre en œuvre des procédures de consultation pour éviter une escalade conflictuelle.

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