Trump, un agent de Poutine ? : épisode 4/5 du podcast Donald Trump, une autre Amérique ?

Fresque à Vilnius, en Lituanie
Fresque à Vilnius, en Lituanie ©AFP - Petras Malukas
Fresque à Vilnius, en Lituanie ©AFP - Petras Malukas
Fresque à Vilnius, en Lituanie ©AFP - Petras Malukas
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Le triste spectacle d'une campagne électorale qui met en scène un candidat manifestement inapte au poste et une vieille politicienne corrompue.

En tous cas, cela ne fait plus guère de doute : Vladimir Poutine s’est invité dans la campagne électorale américaine. C’est ce qu’écrit sur son blog Peggy Noonan, éditorialiste du Wall Street Journal. Pour elle, « c’est terrifiant » et cela témoigne du mépris dans lequel le dirigeant russe tient la classe politique américaine. Khrouchtchev respectait Kennedy et le prenait au sérieux. Gorbatchev a confié avoir été étonné par l’idéalisme de Reagan. Poutine, lui, considère ces élections américaines comme une mascarade. Et il cherche à tirer profit du spectacle piteux offert par le duel Donald Trump / Hillary Clinton pour décrédibiliser la démocratie américaine et ses institutions.

Que le chef d’une puissance étrangère hostile ait pu ordonner une cyber-attaque sur les serveurs du parti démocrate et faire main basse sur les e-mails échangés par les dirigeants de ce parti durant cette campagne démontre combien le leadership américain est – je cite Peggy Noonan – « décadent ». Wikileaks, qui vient de rendre publics u n millier d’e-mails signés du directeur de campagne de Clinton, John Podesta, vise manifestement à déstabiliser la candidate démocrate.

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Si les services russes accumulent des informations contre Hilary Clinton, cela signifie qu’ils comptent en divulguer le contenu au compte-goutte, si elle est élue, afin de la déstabiliser, écrivait récemment le Chicago Tribune. Mais cette incursion des hackers de Poutine dans les serveurs du parti démocrate démontre-t-elle que Trump est un agent russe, comme l’ont prétendu plusieurs responsables passés et présent des services de renseignement américains ?

Un ancien directeur exécutif de la CIA, Michael Morrell, l’avait affirmé cet été. « J_e n’ai là-dessus aucun doute, disait-il alors, je considère Trump comme un agent involontaire de Poutine. Celui-ci le manipule en lui faisant des compliments, car il sait que cet homme les aime. Trump a pris des positions en phase avec les intérêts russes et non avec les intérêts américains, par exemple, en soutenant l’annexion de la Crimée, ou en donnant une sorte de feu vert à une possible invasion des pays baltes_. » Début août, une cinquantaine de personnalités ayant exercé des responsabilités sous des présidences républicaines avaient co-signé une lettre, déclarant qu’elles ne voteraient jamais pour Trump. « Il n’est pas qualifié pour être Président et commandant en chef, écrivaient-ils. En fait, nous sommes convaincus qu’il constituerait un risque pour la sécurité nationale de notre pays. »

Pourtant lundi dernier, le FBI a conclu ses enquêtes concernant ces fameux liens de Trump avec la Russie en disant que le « Bureau » n’en avait trouvé aucune preuve. Mais le même jour, le magazine Mother Jones, classé à gauche, relançait les supputations en publiant le témoignage d’un ancien agent du FBI, auteur d’un mémo consacré aux liens de Trump avec Moscou. Selon ce mémo « le régime russe a cultivé, soutenu et assisté Trump au cours des cinq dernières années. Son but est d’encourager les divisions et les fractures au sein du monde occidental. » Mother Jones cite les noms de deux personnalités, Carter Page et Paul Manafort qui ont joué des rôles de premier plan dans la campagne de Trump et qui, l’un et l’autre, entretiennent, de notoriété publique, des liens étroits avec le régime russe. L’ancien agent du FBI estime qu’en tous cas, il y a eu entre Trump et le Kremlin « échange d’informations au bénéfice mutuel ». Aux yeux de nombreux observateurs, Trump a dû être informé du contenu d’un certain nombre d’e-mails confidentiels échangés entre les dirigeants du Parti démocrate.

Ce qui est certain, c’est que, comme un certain nombre de personnalités d’extrême droite européennes, Trump est impressionné par la capacité du président russe à s’asseoir sur les principes moraux et à user de la force pour faire triompher les intérêts de la Russie - ou les siens. Ce cynisme sans complexe séduit Trump qui estime que les Etats-Unis se sont laissé entraîner dans des conflits où ils n’avaient rien à gagner. « Il admire tous ceux qui, quel que soit leur domaine, ont bâti leur succès sur un mépris flamboyant pour les règles du jeu. » écrit David Bronwich.

Mais il est servi par les rumeurs de corruption qui flottent autour du couple Clinton et de leur fameuse Fondation. La destruction par Hillary de 30 000 e-mail semble confirmer qu’elle a utilisé sa position de Secrétaire d’Etat pour engranger les dons. Selon les estimations du site Salon.com**, le régime saoudien aurait été l’un des plus généreux donateurs de la Fondation Clinton**. L’ancien président aurait touché 600 000 dollars pour deux conférences prononcées à Riyad. Et le régime saoudien aurait contribué pour plusieurs dizaines de millions à la Fondation. Si l’on ajoute à ce sombre tableau la présence au premier plan d’une directrice de campagne, Huma Abedin, élevée en Arabie saoudite et soupçonnée par les Républicains de connexions familiales avec l’organisation islamiste des Frères Musulmans, on verra pourquoi Trump, manifestement inapte à la fonction, pourrait quand même devenir président des Etats-Unis.

Cet attristant spectacle ne sert pas la démocratie. Que ce régime, avec toutes ses procédures, une presse indépendante et libre, aboutisse à un tel plateau est affligeant. La droite a sélectionné le candidat le plus improbable, vue son absence évidente de compétence. La gauche, une vieille routière de la politique, femme d’ex-président et manifestement corrompue. A travers le monde, les adversaires de la démocratie se frottent les mains.