Alaska, un réchauffement climatique et militaire : tout comprendre en une carte

L’Alaska est aux avant-postes du réchauffement climatique, mais pas seulement....
L’Alaska est aux avant-postes du réchauffement climatique, mais pas seulement.... - Service cartographie du journal Le Monde
L’Alaska est aux avant-postes du réchauffement climatique, mais pas seulement.... - Service cartographie du journal Le Monde
L’Alaska est aux avant-postes du réchauffement climatique, mais pas seulement.... - Service cartographie du journal Le Monde
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L’Alaska est aux avant-postes du réchauffement climatique, mais pas seulement. Territoire oublié depuis la fin de la guerre froide, la fonte des glaces et l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe lui confère un intérêt géostratégique de premier ordre.

C’est la combinaison de deux actualités qui ont donné l'idée à Delphine Papin, géographe, et le service Infographie et Cartographie du journal Le Monde, qu'elle dirige, de regarder l’Alaska. Plus particulièrement, ils regardent le réchauffement climatique et le réchauffement des tensions géopolitique entre la Russie et les Etats-Unis suite à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine.

Une carte singulière par sa forme et le choix des couleurs

La carte ci-dessous montre avant tout une situation géographique. Le territoire de l’Alaska n’est pas présenté comme un cul-de-sac de l’Amérique du Nord, comme souvent sur nos planisphères. "Je suis certaine que si vous fermez les yeux vous voyez automatiquement l'Alaska en haut à gauche de la carte", explique Delphine Papin. Or ici, la carte est centrée sur l’Océan Pacifique en inclinant le globe pour permettre au lecteur de voir la calotte glacière.

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L’Alaska, avant-poste des Etats-Unis face à la Russie.
L’Alaska, avant-poste des Etats-Unis face à la Russie.
- Service cartographie du journal Le Monde

On découvre ainsi les voisins de l’Alaska :

  • À l’est, le Canada qui sépare l'Alaska du reste des États-Unis.
  • À l’ouest, la Russie qui n’est qu’à 6 km des États-Unis. C’est le détroit de Béring qui les sépare. Et c’est aussi par-là que passe la ligne de changement de date.
  • Au nord, l’océan Arctique et l’extension maximale de la glace qui montre que l'Alaska est englacé une partie de l’année.

Concernant le choix des couleurs, elles ne sont pas sans rappeler les guerres froides. Un bleu vif pour les Américains, et pour les Russes, le service cartographie du Monde est parti sur un magenta afin de ne pas prendre le rouge associé au communisme. Mais effectivement l’idée est de choisir des couleurs opposées pour rappeler le face à face actuel. Enfin, c'est une ambiance glacée qui a été recherchée et travaillée, car c'est une zone géographique proche de l’Arctique.

Les enjeux climatiques représentés sur la carte

On remarque la fonte de la glace mais surtout le recul de la limite maximale des glaces qui est beaucoup plus étendu qu'il y a dix ans. Avec le réchauffement climatique, l’océan glacial arctique fond de plus en plus, au point de libérer les côtes de l’Alaska qui deviennent plus accessible à la navigation. Le détroit de Béring devient une porte d’entrée qui permet de contourner les pôles soit par :

  • La route du nord-est qui longe les côtes russes.
  • La route du nord-ouest qui longe les côtes de l’Alaska et du Canada.

Ce dégel est à la fois perçu par les Américains comme une menace et comme une opportunité.

  • Une menace car jusqu’à maintenant, ils se sentaient protégés par la glace.
  • Mais également une opportunité, car c’est un océan qui s’ouvre à eux. Le trafic dans le détroit de Béring a ainsi augmenté de 150 % en 10 ans. Les Américains ont donc décidé d’agrandir et d’approfondir le port de Nome désormais libre de glace entre avril et octobre.

Les enjeux militaires

L’Alaska était proche de l'ennemi japonais durant la Seconde Guerre mondiale, et de l’URSS pendant la guerre froide. C’est durant cette période que les Américains construisent plusieurs bases militaires. Cet état américain est un avant-poste stratégique dans le Pacifique.

Avec la montée en puissance de la Chine dans la région et les nouvelles velléités expressionnistes russes, les Américains sont inquiets. "L’Alaska est un territoire qui a appartenu à la Russie jusqu’en 1867, rappelle Delphine Papin, et ils l’ont vendu aux américains, alliés à l’époque". Dans ce contexte géopolitique, les Américains ont opéré cet hiver de grandes manœuvres militaires dans les glaces de l’Alaska avec 8000 hommes pour tester le matériel. Les militaires américains sont habitués aux climats désertiques, mais pas à évoluer dans les zones glacées ; donc c’est un défi surtout face à l’armée russe qui maitrise cet environnement.