- Elie During Philosophe, maitre de conférences à l'Université de Paris X-Nanterre
Par Adèle Van Reeth
Réalisation : Mydia Portis-Guérin
Lectures : Céline Monsarrat
En 2009, le penseur Paul Virilio dénonce dans son ouvrage : « Le futurisme de l’instant » ce qu’il nomme une « accélération du réel », qui conditionnerait « non seulement l’histoire d’un nouveau siècle impitoyable, mais l’instant, moins présent qu’omniprésent , dans un monde amoindri et moins « contemporain » d’une quelconque histoire de la modernité, qu’intemporain , où la Terre, déjà trop petite pour le Progrès et le profit à court terme, deviendrait tout à coup trop étroite pour nos projets futurs, la dilatation de l’instant effaçant tout autant l’origine que la fin, la finitude géophysique de l’astre des vivants »
Mais pourquoi la vitesse nous fait-elle si peur ? Les raisons de la craindre rejoignent celles qui font qu’on la recherche: bousculer l’espace-temps qui s’impose comme une limite, certes vitale, mais contraignante, se hisser hors du temps vécu de la conscience pour s’en remettre aux lois de la physique, qui, pour être tout aussi mortifères, présentent l’heureux avantage de nous ôter le sentiment de responsabilité :
Quand le pied de Sagan écrase l’accélérateur de sa Jaguar, c’est pour se procurer ce plaisir mortel, dans lequel la vitesse n'est ni un signe, ni une preuve, ni une provocation, ni un défi, mais un élan de bonheur ."
Mais se défaire des jugements sur la vitesse n’est pas chose aisée, tant celle-ci semble tributaire de l’expérience que j’en fais : y aurait-il quelque chose comme une vitesse en soi, un phénomène isolé indépendant de ma perception ? Penser la vitesse, n’est-ce pas reconnaître que le temps, loin d’être un long fleuve tranquille et unilatérale, ressemblerait davantage à un torrent fougueux aux courants multiples et contraires, qui brasserait une logique plus onirique que causale ?
Demain, le sociologue Jean-Philippe Domecq s’interrogera sur les causes et les effets de la fascination pour la vitesse, à partir notamment de la mort d’Ayrton Senna, mercredi, le philosophe Jérôme Lèbre conjuguera la vitesse au pluriel en se demandant si celle-ci conduit nécessairement à une catastrophe généralisée, et jeudi, c’est Marie Gil qui vous contera l’irruption de la vitesse dans le roman français, de Paul Morand à Françoise Sagan.
Mais aujourd'hui nous avons le plaisir de recevoir le philosophe Elie During pour évoquer la métaphysique de la vitesse.
Instrus:
- Philip Glass , *The grid *
- Brian Ferneyhough , Adagissimo
- Gyorgy Ligeti , Glissandi
Chansons:
- Lou Doillon *, Places *
- The Police , Synchronicity *I *
Lectures:
*- Henri Bergson, L’Evolution créatrice * (1907), chapitre IV, PUF, 2009, p. 336-339.
**2/ Filippo Tommaso Marinetti, ** *La nouvelle religion - morale de la vitesse * (nouveau Manifeste publié dans le premier numéro du journal l’Italie futuriste , le 11 mars 1916).
**- Marcel Proust, ** A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, Combray , lu par André Dussollier (Editions Thélème, 2006)
Extraits::
- Archive Deleuze , cours sur « Les vitesses de la pensée » du 2/12/1980
(Source : *Les Chemins de la connaissance, Le cours de Gilles Deleuze, L’Ethique de Spinoza * France culture 29/04/2002)
**- Einstein ** et la théorie de la relativité
(Source : « Einstein : 1905, année lumière », documentaire de Philippe Tourancheau 2005, CNDP / France 5
Livres à paraître:
- Elie During et Alain Bublex Le futur n'existe pas : rétrotypes (ed B42, à paraître le 15 mai 2014)
*- Temps flottants : introduction à la vie simultanée * (Bayard), à la rentrée.
Et les "2 minutes papillon" de Géraldine Mosna-savoye à propos de la parution du livre de Pierre-Jean-Georges Cabanis , Anthropologie médicale et pensée politique, aux éditions du CNRS.
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Réalisation
- Collaboration