Aimer le Christ : de la douleur à l’extase : épisode 2/4 du podcast Simone Weil, philosophe sur tous les fronts

La philosophe Simone Weil (1909-1943)
La philosophe Simone Weil (1909-1943) - Wikicommons
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En 1938, Simone Weil découvre le Christ. Dans sa conception de la religion, l’importance du rapport au corps est capitale, c’est grâce à lui que l’on discipline son âme et que l’on avance vers Dieu… De sa recherche de la vérité, elle mène alors un combat spirituel.

Avec
  • Martin Steffens philosophe, enseigne la philosophie en première supérieure au lycée Georges de la Tour à Metz
  • Première diffusion de cette émission le 04/12/2018, et première diffusion du Journal de la philo de Géraldine Mosna-Savoye, en fin d'émission, le 13/03/2019, à réécouter ici :
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Le Journal de la philo
5 min

Quel est le point commun entre la philosophe Simone Weil et la fée marraine de Cendrillon ?
Toutes les deux tiennent l'impossible comme le signe distinctif du réel. Dans un cas, pour mieux le subvertir, dans l'autre, pour mieux comprendre notre condition.
Simone Weil n'a pas de baguette magique et sa conception du réel est en tout point opposée à une pensée magique : l'impossible est ce qui structure son rapport aux autres, au monde, et à elle-même.

L'invité du jour :

Martin Steffens, philosophe, enseigne la philosophie en première supérieure au lycée Georges de la Tour à Metz
Auteur de L'Éternité reçue aux éditions Desclée de Brouwer (2018) et Prier 15 jours avec Simone Weil aux éditions Nouvelle Cité (2009).

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Simone Weil et l’impossible

Pour Simone Weil, l’impossible jalonne la vie humaine et c’est ce contre quoi on va se cogner. Dans le rapport à soi il y a une non coïncidence fondamentale à soi-même : je n’ai pas accès à moi-même si ce n’est sur le mode de la séparation, du combat, du divorce. Quand on se cogne contre le réel, que dit-on ? C’est impossible. L’impossible est ce par quoi le réel nous signale qu’il est plus que l’idée que nous nous en faisions.                                
Dans le rapport à soi, au monde, c’est passionnant de voir comment Simone Weil va montrer que tous nos désirs sont marqués du sceau de l’impossibilité. Elle dit que les amants ne feront jamais un et Narcisse fera toujours deux : le désir de l’autre croit culminer dans la fusion avec l’autre mais si l’un fusionne avec l’autre, il n’y a plus l’autre. L’amour lui-même est marqué par cette blessure qui fait qu’on doit consentir à l’altérité alors même que le mouvement même de désir de l’amour est un désir de fusion.                                
Martin Steffens

Affolement de la raison

Chez Simone Weil il y a une folie de la pensée, un affolement de la raison qui fait que même dans un conte pour enfant elle va tenter de trouver ce qui parle de nous mais aussi de notre vocation divine, mais en plus cette folie s’articule à un amour du réel, ce n’est pas une folie fantasque, c’est aussi âpre de lire Simone Weil.                            
Martin Steffens

Au-delà d’un simple dualisme de l'âme et du corps

Comment l’âme pourrait-elle s’élever en agissant directement sur elle-même ? Ça n’est pas possible, il faut passer par la méditation du corps, il y a donc un dualisme chez Simone Weil entre l’âme et le corps, qui se double d’un dualisme à l’intérieur de l’âme entre ce qu’elle appelle la partie charnelle, sensible, errante de l’âme, cette partie peuplée d’animaux qui crient « moi, moi, moi ! » et puis par une certaine expérience, cette âme va être brisée en deux et va apparaître alors la partie spirituelle de l’âme, la partie éternelle. Dans le malheur, quelque chose de nous dit « moi, moi, moi ! », qui refuse que ce que cela arrive, mais une part de nous consent également. Dans la joie, il y a aussi une part de l’âme qui refuse la joie, parce que dans la joie il faut reconnaître que le bien est en dehors de soi, c’est une expérience humble, d’ouverture.                            
Pour Simone Weil, il y a un combat en nous et c’est le corps qui est le moyen par lequel l’âme éternelle va agir sur la part charnelle.                            
Martin Steffens

Lectures de Hélène Lausseur :

  • La religion comme combat spirituel, extrait d'Oeuvres complètes, volume IV, de Simone Weil, éditions Gallimard
    et musique d'Arvo Pärt, Darf ich
  • Rencontres avec le Christ, extrait des Oeuvres de Simone Weil, éditions Gallimard Quarto
    et musique de Alfred Schnittke, Psaumes pénitentiels

Sons diffusés :

  • Chanson du début : Mary Martin, Impossible (Cinderella)
  • Extrait du film Thérèse, Alain Cavalier, 1986
  • Chanson Philippe Katerine, Jésus-christ Mon Amour

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