Anaxagore : épisode 2/4 du podcast La pensée avant Socrate

Anaxagore
Anaxagore - Eduard Lebiedzki, after a design by Carl Rahl.
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Anaxagore (environ 500-428 av JC) a-t-il été le premier à concevoir le rôle d'une causalité intelligente pour expliquer le monde naturel ?

Avec
  • Arnaud Macé professeur de philosophie à l'Université de Franche-Comté

C'est sans doute ce qui est lisible dans la théorie du "noûs" (Intellect) d'Anaxagore qui ordonnerait un univers matériel marqué par l'infinité et le mélange de toutes choses. Pour comprendre quelle fut la pensée de celui qui importa la philosophie ionienne à Athènes, qui fréquenta Périclès et qui marqua par ses écrits le jeune Socrate, retrouvez Arnaud Macé, spécialiste des présocratiques et maître de conférence à l'université de Franche-Comté.

Le texte du jour

Les autres choses participent de tout ; seul le nous est infini, agissant par lui-même, sans mélange avec aucune chose; il subsiste seul isolé à part soi. Car s'il n'était pas à part soi, mais mêlé à quelque autre chose, il participerait de toutes choses, en tant que mêlé à celle-là, puisqu'en tout il y a une part de tout, ainsi que je l'ai déjà dit ; et ce mélange l'empêcherait d'actionner chaque chose, comme il peut le faire, étant isolé à part soi. C'est, de toutes choses, ce qu'il y a de plus subtil et de plus pur ; il possède toute connaissance de tout et sa force est au plus haut degré. Tous les êtres animés, grands et petits, sont actionnés par le nous ; mais, dès le commencement, c'est lui qui a produit la révolution générale et en a donné le branle. Tout d'abord cette révolution n'a porté que sur peu de chose, puis elle s'est étendue davantage et elle s'étendra encore, toujours de plus en plus. Ce qui est mêlé, ce qui est distinct et séparé, le nous en a toujours eu connaissance complète ; il a tout ordonné comme il devait être, tout ce qui a été, est maintenant et sera plus tard, et aussi cette révolution même qui entraîne les astres, le Soleil, la Lune, l'air et l'éther, depuis qu'ils sont distincts. C'est cette révolution qui a amené leur distinction, et qui distingue aussi le dense du dilaté, le chaud du froid, le lumineux de l'obscur, le sec de l'humide. Il y a beaucoup de parts dans beaucoup de choses ; mais il n'y a jamais distinction complète, séparation absolue entre une chose et une autre, sauf pour le nous. Tout le nous est semblable, le plus grand et le plus petit ; il n'y a, par ailleurs, aucune chose qui soit semblable à aucune autre, mais chacune est pour l'apparence ce dont elle contient le plus.

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Anaxagore, De la nature, Fragment 6 (B12), in Pour l’histoire de la science

Lectures

- Anaxagore, De la nature, Fragment 6 (B12), in Pour l’histoire de la science hellène de Paul Tannery, 2e édition par A. Diès, 1930 .

- Aristote, Physique, I, Chapitre 4 (187a), traduction P. Pellegrin in Œuvres complètes (Flammarion, 2014), p.522

- Platon, Le Phédon (Flammarion)

Extrait

- Archive : Louis Arbessier, Les grandes figures de la science française, 09/08/1957

Références musicales

- Isungset, Sunrise horizon

- Anne Sylvestre, Tout se mélange

- Lauryn Hill, Everything is everything

Arnaud Macé
Arnaud Macé
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