

Au XIXème siècle, d'Emerson à Thoreau, la pensée américaine développe une conscience écologique, faisant évoluer la nature d’une figure mélancolique à un vaste espace à découvrir mais aussi protéger… Les Etats-Unis sont-ils à l'origine de l’éthique environnementale moderne ?
- Anne Dalsuet enseignante de philosophie au lycée Maurice Utrillo à Stains et interrogatrice en classe préparatoire des lycées Chaptal et Janson-de-Sailly à Paris
Une émission initialement diffusée le 26/11/2018
À la fin du XIXème siècle, aux Etats-Unis, la constitution de parcs nationaux comme le parc Yosemite témoigne de l’émergence de nouvelles valeurs écologiques.
À travers le concept de wilderness, des penseurs américains comme Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau ou Aldo Leopold, développent des outils de sauvegarde de la nature comme une éthique canonique de préservation pour Leopold. Aux Etats-Unis, ce dernier est considéré comme le père de la protection environnementale et le fondateur de l’éthique environnementale moderne.
L'invitée du jour :
Anne Dalsuet, enseignante de philosophie au lycée Maurice Utrillo à Stains et interrogatrice en classe préparatoire des lycées Chaptal et Janson-de-Sailly à Paris
Autrice de
Philosophie et écologie aux éditions Gallimard collection La Bibliothèque Gallimard
Chez les Grecs, mystère et discours rationnel de la nature
"La réflexion sur la nature est très ancienne puisqu’on la trouve déjà chez les présocratiques comme Anaximandre ou Parménide. L’enjeu est de montrer qu’il y a une ambiguïté peut-être prolongée tout au long de la philosophie de la nature, elle est à la fois mystérieuse mais en même temps, on va pouvoir produire un discours rationnel sur elle. Au départ on écrit sur la nature par le poème, qu’on retrouve chez les penseurs américains, mais le discours rationnel peut aussi s’emparer de cet objet, c’est ce que ne manquera pas de faire Aristote."
Anne Dalsuet
Descartes désanime la nature
"Chez les grecs on pense donc la nature et puis il y a une coupure qui s’opère avec la pensée de la modernité : on va parfois se méfier de la nature et lui préférer le terme "matière", ce que dira Descartes. On commence alors à expliquer la nature pour pouvoir agir sur elle et éventuellement l’améliorer.
Descartes introduit une image de la nature qui souligne une ambition technique et médicale, que de fait on peut améliorer certains fonctionnements de la nature mais de là à dire qu’on peut pleinement la dominer, ça n’est pas le cas. Il y a un principe de réserve chez Descartes.
Réfléchir sur la nature c’est essayer de s’approcher d’une réalité, peut-être ce qui deviendra un environnement plus tard dans les philosophies environnementales américaines, mais c’est déjà agir sur ces représentations de la nature, essayer de les penser, de les modifier. C’est ce que vont faire ces écrivains de la prairie comme Emerson ou Thoreau."
Anne Dalsuet
Ralph Waldo Emerson et la nature
"Chez Emerson, Dieu est au sein de la nature. Au départ, il était un unitarien puis il va y avoir une rupture avec Harvard et il va fonder son propre courant, le transcendantalisme, qui désigne les qualités de l’être. Au sein de la nature, par cet esprit du transcendantalisme, il s’agit d’aller plus loin, d’entrer en communion avec la nature et en communication avec l’esprit du tout. La nature c’est l’expression de la création divine mais aussi le lieu privilégié pour la conscience humaine pour communier avec les lois de la nature, s’en saisir, comment fonctionne le macrocosme…"
Anne Dalsuet

Merci à Raoul Fladoc (@raoulfladoc) pour son illustration pour Les Chemins de la philosophie.
Textes lus par Jacques Gamblin :
- La nature théorique revalorisée, extrait de Nature de Ralph Waldo Emerson, 1836, éditions Allia, 2004
et musique de Nils Frahm, My friend the forest - La nature physique, source de vie, extrait de Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau, 1854, éditions Le Mot et le Reste, 2017
- Ouverture à la conscience écologique, extrait d'Almanach d'un comté des sables d'Aldo Leopold, 1949, GF Flammarion, 2000
et musique de Esbjörn Svensson Trio, In the tail of her eye
Sons diffusés :
- Chanson de début : Born to be wild, Steppenwolf (du film Easy Rider, 1969)
- Archive, inauguration du parc Yosemite en 1890, Flash sur le passé, 1964
- Chanson de fin : Gorillaz, Plastic beach
L'équipe
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