Bac philo, deuxième édition ! (2/4) : Dissertation : faut-il aimer son travail ?

France Culture
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Par Adèle Van Reeth

Réalisation: Mydia Portis-Guérin

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Lectures :Sophie Bourel

En partenariant avec Philosophie Magazine

Pm Bac philo HS
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© Radio France - SL

LA DISSERTATION DE PHILO 2 sous la direction de Raphaël Enthoven*. * Démystifier l’épreuve de philosophie au bac par l’exemple et les conseils pédagogiques, telle est l’ambition de ce livre

Après l’explication d’une pensée de Pascal, hier, par le professeur Guillaume Morano, demain, Yann Martin, du lycée Kléber, commentera pour vous un texte de Jean-Jacques Rousseau, tiré de son Second discours, qui s’interroge sur l’origine du langage, jeudi, Pierre Dulau, du lycée internationale des Pontonniers, se demandera ce qu’est un homme seul, et aujourd’hui, pour cette deuxième épreuve, c’est Marc Le Ny, du lycée Kléber, qui a tiré le sujet suivant : Faut-il aimer son travail ?

Marc Le Ny et Adèle van Reeth
Marc Le Ny et Adèle van Reeth
© Radio France

Lectures :

-** Hannah Arendt** , Condition de l'homme moderne

-** Karl Marx** ,* Le travail aliéné* *in * Manuscrits de 1844

Instrus :

  • Minilogue , City lights
  • Pan American , Lights on water

Extraits :

  • J'ai très mal au travail, documentaire de Jean-Michel Carré 2006
  • Reportage sur l'entreprise Lynkbynet, BFMTV 21/02/2013
  • Les Cousins , film de Claude Chabrol 1959
  • La Collectionneuse , film d'Eric Rohmer 1967

Chansons :

  • Henri Salvador ,* Le travail c'est la santé*
  • Yvon Etienne ,* Il est important d'aller travailler*
  • Pink Martini , Sympathique (je ne veux pas travailler)

** FAUT-IL AIMER SON TRAVAIL ?**

Plan

I. Non ! Le travail n’est pas aimable

  1. Définition du travail

Ÿ Définition classique du travail : le travail est une servitude naturelle.

Ÿ Le travail est une activité pénible et contrainte

Ÿ Le travail est l’activité que les hommes déploient pour subvenir à leurs besoins

Ÿ Une activité répétitive

  1. Le travail n’est pas une activité aimable

Ÿ Donc il n’y a aucune nécessité d’aimer son travail en ce sens que le travail n’est pas aimable.

Ÿ Ou alors l’amour du travail relève d’un amour de la servitude. Sous l’effet de l’habitude, on peut être amené à aimer son travail. Accepter sa condition, même humiliante, fatigante, etc.

Ÿ Ou encore l’injonction d’ « aimer son travail » relève d’une moralisation cynique du travailleur qui vise à en améliorer l’efficacité ou à s’assurer de sa sujétion. S’il « faut » aimer son travail ce serait en ce sens que cet amour relèverait d’une obligation, c'est-à-dire d’une contrainte à laquelle le travailleur doit se soumettre de lui-même. Comme le relève Kant, cela est absurde dans la mesure où l’amour ne peut être l’objet d’un devoir. Dès lors il « faut aimer son travail » précisément parce qu’il n’est pas aimable.

  1. Pause, repos, trajet, oisiveté

Ÿ Définitions des concepts.

Ÿ Travail versus liberté.

Ÿ L’utopie : en finir avec le travail.

II. Si ! Le travail est aimable

  1. Redéfinition moderne du travail : une activité humaine

Ÿ On pourra objecter qu’il est des métiers passionnants et que le travail pourrait être une activité positive, aimable.

Ÿ Le travail peut au contraire être compris comme une activité positive. C’est le propre de la modernité que de proposer de multiples conceptions positives du travail.

Ÿ Une activité productrice

Ÿ Une activité réfléchie et consciente

Ÿ Une activité volontaire

Ÿ Travail et effort

Ÿ Travail et satisfaction

2°) Redéfinition moderne du travail : une activité qui humanise

Ÿ Une activité formatrice

Ÿ Le travail est formateur. Il faut distinguer le travail comme activité et comme résultat ici l’activité est en elle-même positive.

Ÿ Le rapport temporel à la satisfaction fournit le fondement d’une valorisation du travail.

Ÿ Freud : principe de réalité et travail.

Ÿ Le travail est avant tout une occupation, qui prend un certain temps, temps pendant lequel le travailleur ne peut pas faire autre chose.

3°) Travail et culture

Ÿ Hegel considère que le travail est l’activité qui permet à l’homme de se révéler à lui-même. Dès lors le travail est l’activité libre par excellence et elle est à la source de la culture et de l’humanité. Le travail est aimable par définition.

III. Le travail, quel travail ?

1°) Division du travail

Ÿ Marx : critique de la notion abstraite de travail. Il renvoie dos à dos les deux conceptions précédentes (antique et moderne) comme étant abstraites et incomplètes.

Ÿ Définition de la division du travail.

2°) La double aliénation économique et humaine du travail aliéné

Ÿ Définition du travail aliéné dans les conditions capitalistes de productions.

Ÿ Refus de considérer le travail de manière abstraite (le Travail) et donc refus de la forme de la question.

Ÿ Dès lors la réflexion doit prendre au sérieux le « son », le possessif. Il témoigne de la pluralité des tâches que nous accomplissons et que nous appelons « travail ».

3°) Qu’est-ce qu’un travail aimable ? De l’aliénation à la reconnaissance

Ÿ Définition d’un travail aimable

Ÿ La reconnaissance par le travail.

Eléments d’introduction/de problématique

Le travail appartient à la quotidienneté triviale. Comme tel il a longtemps été négligé par la réflexion philosophique. Il a fallut attendre la modernité pour trouver une réflexion sur le travail qui accompagne le développement du capitalisme, qui en propose d’ailleurs une conception positive, au point d’ailleurs de concevoir qu’on puisse « aimer son travail ». Entre l’utopie qui espère « en finir » avec le travail et l’ « amour du travail bien fait », se pose la question de la valeur du travail. Quelle est la réelle valeur du travail ? Le travail est-il une activité libre permettant de développer notre humanité ou une activité contrainte, pénible et haïssable ? Le travail est-il aimable ou bien, au contraire, l’amour du travail ressort-elle d’une idéologie qui vise à enchaîner un peu le travailleur en transformant sa contrainte en obligation morale ?

Bibliographie :

  • Hannah Arendt, La Condition humaine , chapitre 3 « le travail ».
  • Jacques Rancière, La nuit des prolétaires , Fayard, 1981.
  • Pierre Bourdieu (dir.), La misère du monde , Éditions du Seuil, 1993.
  • Robert Castel, Les Métamorphoses de la question sociale , Fayard, 1995.
La librairie Kléber
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