

Sorti en 1952, époque de l'âge d'or de la comédie musicale, "Chantons sous la pluie" est une mise en abyme du cinéma, un spectacle dans le spectacle qui raconte la révolution technique qu’est l’arrivée du cinéma parlant. Les acteurs ne sont plus alors uniquement des mimes, ils doivent savoir parler.
- N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Première diffusion de cette émission le 17/02/2020, et première diffusion du Journal de la philo de Géraldine Mosna-Savoye, en fin d'émission, le 17/02/2020, à réécouter ici :
En 1952, à l’époque où la comédie musicale est un genre adoré d’un public friand d’évasion au sortir de la Seconde guerre mondiale, Stanley Donen et Gene Kelly réalisent Chantons sous la pluie, un film auto réflexif qui s’interroge sur sa propre forme, au travers de l’histoire d’un acteur ayant des difficultés à passer du genre muet au cinéma parlant, et d’une actrice qui n’y arrive pas, sa voix étant épouvantable. D’autres talents sont donc recrutés pour remplacer ces stars du cinéma muet, à moins que ces derniers n’arrivent à se reconvertir…
L'invité du jour :
N. T. Binh, critique et enseignant de cinéma
L'histoire de la comédie musicale est-elle aussi l'histoire de l'arrivée de la voix au cinéma ?
L'arrivée du cinéma parlant est une révolution technique. Il y avait déjà de la musique qui accompagnait les films quasiment depuis les débuts du cinéma, mais souvent, c'était la musique dans la salle qui était jouée en direct live. À partir de 1927, c'est la piste sonore qui accompagne l'image et qui est donc gravée elle même, d'abord séparément, comme le montre le film "Chantons sous la pluie", puis sur le support de la pellicule. Les acteurs peuvent être enregistrés sur le plateau en train de parler, ça va changer les canons esthétiques et la manière d'aborder les films. Les acteurs ne sont plus uniquement des mimes, ils doivent aussi savoir parler. "Chantons sous la pluie" raconte cette adaptation qu'ont dû avoir non seulement les acteurs, mais aussi les techniciens, les metteurs en scène.
N. T. Binh
La magie et les artifices de "Chantons sous la pluie"
Ce qu'insinue le scénario de "Chantons sous la pluie", c'est que pour une fois, on va vous raconter la vérité sur comment on fait une comédie musicale sur l'histoire d'Hollywood. Mais évidemment, ce faisant, on triche encore plus puisqu'on reconstitue cette vérité. Par exemple, le personnage de Don Lockwood, Gene Kelly, débute par exemple comme cascadeur : on voit ses cascades, mais évidemment, elles ne sont pas tournées avec Gene Kelly, mais avec une doublure qui joue le rôle de Gene Kelly. Ça va être sans cesse ça, jouer entre l'illusion, la vérité, la vérité de l'illusion et le fait qu'on demande au spectateur, finalement, d'y croire. Et une fois qu'on lui demande ça, il se trouve propulsé dans ce monde imaginaire qu'il prend pour réel, comme si on était dans un rêve.
N. T. Binh
Sons diffusés :
- Extraits de Chantons sous la pluie, de Stanley Donen et Gene Kelly, 1952
- Lecture d'Adèle Van Reeth d'un extrait de Propos sur la poésie, de Paul Valéry, 1928, éditions Gallimard
- Chanson de fin : Singin' in the Rain, interprétée par Gene Kelly
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