

Nous poursuivons notre exploration de la philosophie de Stanley Cavell en nous attachant aujourd'hui aux liens tissés entre pensée et cinéma, un moyen d’explorer l’existence, et notamment son analyse des comédies de remariage hollywoodiennes des années 1930-1940.
- Marc Cerisuelo Professeur en Histoire et esthétique du cinéma à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée
Deuxième temps de notre série consacrée au philosophe Stanley Cavell (1926-2018), grande voix de la philosophie contemporaine, disparu récemment.
Dans À la recherche du bonheur, Hollywood et la comédie du remariage, Stanley Cavell analyse sept comédies hollywoodiennes des années 1930-1940 (Indiscrétions, L'Impossible Monsieur Bébé, Cette sacrée vérité...) par le prisme du remariage.
Dans ces films, il ne s'agît pas d'unir le couple central mais de le reconstituer en unissant à nouveau ses deux partenaires. Ces comédies hollywoodiennes héritent alors, pour Stanley Cavell, des enjeux de la comédie shakespearienne, et donc de la problématique du scepticisme.
L'invité du jour :
Marc Cerisuelo, professeur en histoire et esthétique du cinéma à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée, co-auteur avec Sandra Laugier de Stanley Cavell : cinéma et philosophie, aux éditions Presses Sorbonne nouvelle.
Le lien de Stanley Cavell au cinéma
Le discours de Cavell sur le cinéma était étonnant parce qu'il il n’était pas destiné à être philosophe, il a d’abord fait des études de musique. Mais il ressentait de l’insatisfaction et on pourrait dire, en terme cavéllien, du scepticisme.
Le cinéma qui l’intéresse est le cinéma parlant, celui qu’il a connu enfant et adolescent. Il avait une relation intime au cinéma, c’était un « moviegoer ». Pendant toute une période de sa vie il est allé au cinéma deux fois par semaine. Le cinéma qu’il a d'abord aimé était 100% américain.
Marc Cerisuelo
Le genre de la comédie de remariage
En choisissant d’étudier le cinéma il s’est aperçu que plusieurs films possédaient cette structure du remariage. Il en parle déjà dans « La projection du monde ». Au cinéma il y a deux façons de considérer le genre. Il y a le producteur spécialisé en comédie musicale ou en film policier, la production de genre, de masse. Mais jamais un producteur n’a pensé faire une comédie de remariage, ce n’était pas un genre qui existait. C’est Cavell qui baptise ce genre car il voit quelque chose d’important dans ces films, une structure à l’œuvre.
Marc Cerisuelo
Les comédies de remariage héritières des comédies shakespeariennes
Dans la comédie de remariage, contrairement à la comédie classique américaine, ne sont pas des jeunes gens qui incarnent les personnages principaux. Le plus souvent ils ont été mari et femme et se sont séparés. C’est la suite des comédies classiques avec une notion d’héritage. Ces comédies de remariage n’héritent pas du schéma « ben jonsonienien » ou « moliéresque » mais des comédies de Shakespeare. La comédie shakespearienne permet de retrouver cette structure de la retrouvaille.
Marc Cerisuelo
Sons diffusés dans l'émission :
- James Stewart chante Over the rainbow dans Indiscrétions de George Cukor, 1947
- Judy Garland chante Over the rainbow dans Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, 1939
- Archives de Stanley Cavell dans À voix nue, France Culture, 24 janvier 2008, sur l'origine du remariage, puis sur la notion de masculinité et féminité
- Extrait du film New York-Miami de Frank Capra, 1934
- Extrait du film Un coeur pris au piège de Preston Sturges, 1941
- Extrait de la BO de La Dame du vendredi de Howard Hawks
- Chanson de Anita O'Day extraite de la BO de L'Impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks
L'équipe
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