

Que devient l'Etat dans un système totalitaire ? Que reste-t-il du peuple, de la nation, et de la loi, quand le totalitarisme infiltre la société dans ses moindres recoins ?
- Martine Leibovici maître de conférences émérite en philosophie politique à l’Université de Paris anciennement Paris Diderot
Le propre du pouvoir totalitaire n'est pas d'être centralisé entre les mains d'un seul chef, mais de s'exercer en permanence, pour tous, et de manière exclusive.
Mais comment s'exerce-t-il ? Quelle est la nature du pouvoir totalitaire ?
L'invitée du jour :
Martine Leibovici, maîtresse de conférences-HDR émérite en philosophie politique à Université Paris Diderot-Paris 7
Le régime totalitaire, un régime de domination totale
Hannah Arendt ne parle pas de « système » mais plutôt de régime totalitaire, c’est-à-dire d’organisation du pouvoir spécifique qui est pour elle un régime nouveau qu’elle essaye de cerner au travers d’un mode d’analyse qui va être à la fois accès sur des documents, des livres d’histoire et de théorie politique et aussi sur des éléments de littérature, de manière à essayer d’élaborer ce qu’il en est de ce nouveau type de régime, nouveau dans l’histoire des régimes de domination, qui va être donné par elle comme un régime qui cherche la domination totale.
Martine Leibovici
Organisation totalitaire et idées reçues
Arendt met en question deux idées qu’on a sur les régimes totalitaires. D’abord, l’idée que dans le totalitarisme on a affaire à un tout politique, ce serait la politisation absolue de toute la société. Or la thèse d’Arendt c’est qu’au contraire, il y a une destruction non seulement de la politique mais des conditions mêmes sans lesquelles il n’y a pas politique. Ces conditions, la spontanéité selon Arendt, c’est-à-dire la capacité humaine de commencer quelque chose de nouveau, il va s’agir de l'éradiquer. C’est l’intention totalitaire, un régime qui détruit la condition même pour qu’il y ait de la politique. La deuxième idée toute faite c’est qu’il s’agit d’un Etat tout puissant qui dirige d’en haut toute la société par l’intermédiaire d’une bureaucratie hiérarchisée qui fonctionne par des ordres donnés de haut en bas. Dans "Les Origines du totalitarisme", le mot bureaucratie désigne plusieurs types d’exercices du pouvoir, ce n’est pas une domination sur des masses dont on limiterait l’action mais une organisation des masses (humains qui sont isolés les uns des autres et dont on détruit les relations sociales spontanées).
Martine Leibovici
Textes lus par Hélène Lausseur :
- Extrait des Origines du totalitarisme d'Hannah Arendt, tome 2, L'impérialisme, chapitre 3, Race et bureaucratie, éditions Fayard, traduction de Martine Leiris revue par Hélène Frappat
- Extrait des Origines du totalitarisme d'Hannah Arendt, tome 3, Le Système totalitaire, chapitre 3, Le totalitarisme au pouvoir, éditions Fayard, traduction de Jean-Loup Bourget revue par Hélène Frappat
Sons diffusés :
- Extrait du film 1984 de Michael Anderson, 1956
- Extrait du film animé Les Douze Travaux d'Astérix, de René Goscinny, Albert Uderzo et Pierre Watrin, 1976
- Extrait du film Hannah Arendt de Margarethe von Trotta, 2012
- Extrait de la Grande Traversée France Culture consacrée à Hannah Arendt, 2017, entretien avec Günter Gaus, 1964, Radio Berlin
- Chanson de fin : Sex Crime de Eurythmics
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