Comment parler à Dieu ? : épisode 2/4 du podcast Blaise Pascal, vers l’infini et au-delà

"Dieu le Père" de Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), 1570, Madrid Escorial
"Dieu le Père" de Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), 1570, Madrid Escorial
"Dieu le Père" de Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), 1570, Madrid Escorial
"Dieu le Père" de Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), 1570, Madrid Escorial
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Le projet et le pari philosophique de Blaise Pascal est de croire de façon rationnelle en Dieu, et selon sa définition de la grâce, celui-ci est omniscient et omnipotent... Il voit tout et sa puissance produit nos actes. Mais alors, où se trouve donc la liberté de l’homme ?

Avec
  • Guillaume Coqui philosophe, professeur de philosophie à l’Université de Bourgogne

Dans la pensée de Blaise Pascal (1623 – 1662), Dieu est omniscient, il voit tout ce qu'on fait et en tient compte, mais il est aussi omnipotent, il faut compter avec le fait qu'aucune de nos actions ne lui échappent mais surtout, n'échappent à sa puissance puisqu'il les produit...
La grâce de Dieu est essentielle pour comprendre Pascal, sa pensée étant en grande partie tournée vers le salut. Concernant autant la vision de l'homme que celle de Dieu, elle permet de comprendre sa conception de la liberté humaine, car si Dieu est omniscient et omnipotent, où se trouve donc la liberté et la volonté de l'homme ?

L'invité du jour :

Guillaume Coqui, philosophe, professeur de philosophie à l’Université de Bourgogne, auteur d’un ouvrage sur Pascal à paraître aux éditions Ellipses.

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Le combat de Pascal contre la doctrine moliniste

Nous avons tendance à nous représenter le concours du créateur au salut de la créature, la collaboration qui se fait entre l’homme et Dieu pour le salut. À nous revient l’initiative de bien agir, d’avoir une volonté forte pour la mettre en œuvre puis les points sont comptés…    
Pascal a combattu toute sa vie cette doctrine moliniste (de Luis de Molina  qui écrivait au siècle précédent Pascal) qui donne sa valeur au libre arbitre humain plus que la théologie augustinienne traditionnelle majoritaire de l’époque. Au milieu du 17ème siècle, l’époque de Pascal, se nouent les querelles de la grâce et de provinciales. On observe en Occident une sorte de réforme radicale qui fait passer l’église d’une conception dure, augustiniste, où Dieu fait tout du début à la fin ou presque, à une conception plus laxiste ou en tout cas une conception plutôt jésuite, moliniste, qui donne plus de place à l’initiative humaine.
Guillaume Coqui

L'homme paradoxe de Blaise Pascal

Une grande partie du travail de Pascal consiste à creuser dans les pouvoirs de la raison humaine pour montrer s’il le peut que le spectacle de la nature humaine comporte des contradictions qui ne sont pas solubles indépendamment d’une révélation extérieure… Autrement dit, Pascal prend l’homme comme un paradoxe qu’il approfondit autant qu’il le peut jusqu’à montrer que non, nous ne pouvons pas comprendre ce que nous sommes, et c’est à ce moment-là que la révélation peut cueillir au bond la balle qui a été ainsi lâchée par la raison.
Guillaume Coqui

Lectures de Nicole Garcia :

  1. Le pari de Pascal, extrait des Pensées issues des Oeuvres complètes de Blaise Pascal aux éditions Lafuma Seuil, 1963
    Suivi d'une musique de Keith Jarrett, The moth and the Flame
  2. Le débat sur la grâce, extrait des Provinciales issues des Oeuvres complètes de Blaise Pascal aux éditions Lafuma Seuil, 1963
    Suivi d'une musique de Keith Jarrett, Religious Ceremony

Sons diffusés :

  • Extrait de la série The Good Place, Netflix, 2016
  • Archive de François Mauriac sur Les Provinciales, 1956, Paris vous parle
  • Extrait du film Blaise Pascal de Roberto Rossellini, 1972
    Suivi d'une musique de Keith Jarrett, Moment's notice
  • Chanson de Jeff Buckley, Grace

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