Gramsci (1891-1937), journaliste italien, militant emprisonné en 1926, est le penseur de concepts qui n'ont de sens que pour analyser l’Histoire. La révolution d'Octobre 1917 et sa mise en pratique de l'hégémonie, l'alliance entre classe ouvrière et paysanne, lui inspire une réflexion nouvelle...
- Romain Descendre Professeur d'études italiennes et d'histoire de la pensée politique à l'ENS de Lyon, membre de l'Institut universitaire de France
Une émission présentée par Géraldine Mosna-Savoye
Antonio Gramsci était un homme d'action : journaliste militant d'abord, puis dirigeant politique à la tête du Parti Communiste Italien de 1924 à 1926, et finalement emprisonné à partir de 1926 où il rédige 33 Cahiers de prison, écrits qui reflètent ce tiraillement entre intellectuel et militant.
Pendant la révolution d’Octobre russe (7-8 novembre 1917), Lénine et les bolcheviks mirent en pratique la méthode hégémonique (alliance de la classe ouvrière et de la classe paysanne pour s’émanciper des classes dirigeantes).
C'est cette expérience qui inspire à Gramsci sa réflexion sur l'hégémonie, qui est donc avant tout politique pour lui. Il s’interroge sur les moyens de former cette alliance, dont certains sont culturels...
L'invité du jour :
Romain Descendre, professeur d’Etudes italiennes et d’Histoire de la pensée politique à l’Ecole normale supérieure de Lyon
Gramsci, avant tout un combattant
Même si en 1923-24, le régime mussolinien n'est pas encore devenu la dictature qu'il allait vite devenir, la répression contre les opposants au nouveau pouvoir est déjà assez féroce et Gramsci se bat contre ce régime pendant deux ans et demi, jusqu'au moment où il est emprisonné en 1926. Il va passer le reste de sa vie incarcéré en prison. Il meurt en 1937 quelques jours à peine après avoir été libéré. Il était très malade depuis l'enfance et cela a participé d'une certaine manière aussi à la force du personnage. Toute sa vie est une vie de combattant. C'est comme cela qu'il se définissait. Je suis d'abord et avant tout un combattant.
Romain Descendre
L'hégémonie du prolétariat ?
Au départ, l'hégémonie est un concept de Lénine. C'est l'idée fondamentale selon laquelle la prise du pouvoir par les ouvriers ne peut se fonder que sur une alliance de classes avec les paysans. L'hégémonie ne détermine pas une domination, mais une direction. C'est une distinction que fait Gramsci et qui est absolument décisive. Il s'agit d'intégrer dans le prolétariat non seulement les ouvriers, mais l'ensemble des masses dominées.
Romain Descendre
Texte lu par Maëlys Ricordeau :
- Extrait des Ecrits politiques, III, 1923-1926, "Quelques thèmes de la question méridionale", éditions Gallimard, traduction par Marie Gracieuse Martin-Gistucci, Gilbert Moget, Robert Paris et Armando Tassi
Sons diffusés :
- Musique d'ouverture : Chanteur de Fonni, Polyphonies de Sardaigne, Mutos
- Archive sur la convergence des luttes, 5 décembre 2019, BFM
- Extrait du film La Révolution française : les années Lumière, de Robert Enrico, 1989
- Chanson de Mohammed Bakri, Bella ciao ( Des jeunes gens du nord de l'Irak reprennent Bella ciao pour dénoncer le régime)
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