

Portrait de Delphine Horvilleur, l'une des trois femmes rabbins de France. Quels liens existent-ils entre la profession de philosophe et celle de rabbin ? Ont-ils une attitude similaire face aux textes à interpréter ? Un même usage de l'humour pour penser l'existence et son versant tragique ?
- Delphine Horvilleur Rabbin et philosophe
Les Chemins de la philosophie du vendredi vous emmènent chaque semaine à la rencontre de ceux qui ont fait de la philosophie leur métier.
La philosophie est-elle une vocation ? Comment viennent les idées ? Comment se fabrique un concept ? À quoi ressemble l'atelier du philosophe ? Et quel rôle le philosophe doit-il jouer dans la cité ?
L'invitée du jour :
Delphine Horvilleur, rabbin et directrice de la rédaction de la revue Tenou’a.
Qu’est-ce qu’un rabbin ?
Rabbin signifie enseignant, très loin de la fonction de la prêtrise, les gens imaginent peut-être qu’un rabbin est comme un prêtre dans la religion juive mais pas du tout. Le rabbin fait le passage, la transmission, il est reconnu par un groupe pour son érudition et pour sa capacité d’enseigner.
Le rabbin, un traducteur
J’ai souvent l’impression que le métier le plus proche du mien c’est traducteur… Celui qui fait des passages entre le texte et l’humain. Au cœur de la fonction rabbinique il y a cette idée qu’on est en permanence en train de traduire un texte en humain, un humain en texte, en s’assurant que l’un ne prend pas le pas sur l’autre, on opère des passages entre les temps, les générations, les textes et les hommes.
Le judaïsme, un rapport aux textes ?
Le texte est l’endroit où on rencontre Dieu ou le transcendant, et presque nulle part ailleurs. Le judaïsme s’illustre par une certaine absence du divin, presque un athéisme au sens premier du terme : Dieu est maintenu à distance ou choisit même, dans les textes, de se tenir à distance pour que les hommes engagent un dialogue avec lui et le cherchent partout mais tout particulièrement dans le silence du texte.
Devenir rabbin
Quand j’étais enfant il n’y avait pas de modèle de femme rabbin. Je n’aurais jamais imaginé devenir rabbin. Aujourd’hui ça reste très rare, il y a trois femmes rabbins en France. Le virage pour moi a sans doute été ma découverte avec le judaïsme américain. Il y a beaucoup de femmes rabbins aux Etats-Unis. Il y a un judaïsme progressiste qu’on appelle parfois libéral qui est majoritaire là-bas. Je me souviens très d’un rabbin qui m’a dit qu’avec mon parcours, pourquoi je ne deviendrais pas rabbin ? À ce moment-là j’ai explosé de rire et je me suis rendue compte que lui ne riait pas… Ce moment très particulier où vous riez en pensant que votre interlocuteur vous fait une blague et que vous comprenez dans son regard qu’il vous parle très sérieusement a été un moment de révélation pour moi…
Sons diffusés :
- Chanson de début : Leonard Cohen, You want it darker
- Archive de Yitzhak Rabin, son France Inter, 5 novembre 1995
- Archive de Derrida à propos du communautarisme juif, À voix nue, France Culture, 1989
- Extrait de la série Seinfeld sur l'importance de l'humour pour lire les textes, saison 8, épisode 19
- Chanson de Jean-Jacques Goldman, Puisque tu pars
- Archive d'Amos Oz, Le Temps des écrivains, France Culture, 2016
L'équipe
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