Épisode 4/4 : Edvard Munch : "J’ai ressenti comme un grand cri"

“Un soir je marchais sur un sentier montagneux aux alentours de Kristiania — en compagnie de deux camarades. C’était à une époque où mon âme était écorchée par la vie — le soleil se couchait — venait de descendre sous l’horizon. C’est alors qu’une épée fulgurante et sanglante déchira la voûte du ciel. L’air devint comme du sang — strié de flammes. Les collines tournèrent au bleu profond. Le fjord devint bleu acier — le rouge sanglant et strident sur le chemin et sur la rampe. Le visage de mes camarades vira au blanc-jaunâtre. J’ai ressenti comme un grand cri — j’ai vraiment entendu un grand cri. Les lignes de la nature étaient entrecoupées de couleurs — lignes et couleurs vibraient dans un mouvement — non seulement mes yeux saisissaient ces vibrations de lumières mais aussi mes oreilles — j’ai alors vraiment entendu un cri. C’est alors que j’ai peint Le Cri.”
Edvard Munch (1863-1944) dans Écrits, aux éditions Les Presses du réel

L'invitée du jour :

Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie

Textes lus par Bernard Gabay :

• Edvard Munch, vers 1930 dans ses Écrits, aux éditions Les Presses du réel, collection Dedalus, une sélection d’écrits d’Edvard Munch édités par Jérôme Poggi, traduction du norvégien par Luce Hinsch (avec une musique de Machinefabriek, Music box tuning fork)
• Texte sur le cri, ébauche littéraire datée de 1892, dans ses Écrits, aux éditions Les Presses du réel (avec un extrait du film After Hours, Martin Scorsese 1985)
• Le cycle de la vie décrit par Munch, dans ses Écrits, aux éditions Les Presses du réel (avec une musique de Taylor Deupree et Christopher Willits, Bloom)

Sons diffusés :

• Extrait du film Scream, de Wes Craven, 1996
• Reportage 12/13, record aux enchères d'un tableau de Munch, France 3, 03 mai 2012
• Archive de Gilles Deleuze sur le cri, seul moyen d’expression du monde moderne, 17/05/1983, cours à l’université de Vincennes
• Chanson de fin : Sonic Youth, Screaming skull’