

Et si la vie de notre conscience était faite du flux et du reflux de petites perceptions insensibles ?
- Arnaud Pelletier entrepreneur,expert ,conférencier
Si tout est lié dans l'univers, n'est-ce pas à dire que nous sommes continuellement emportés dans le mouvement des compositions et des décompositions de l'infinitésimal - au point que nous pourrions être dits inclure l'infini ?
Arnaud Pelletier vous plonge dans le continuum des petites perceptions chez Leibniz...jusqu'à l'étourdissement.
Le texte du jour
- Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain (édité en 1765 ; première rédaction en 1703), Préface
« Il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, (...) c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l’assemblage. (…) Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on frappé quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit comme l’on fait, il faut bien qu’on entende les parties qui composent ce tout, c’est-à-dire le bruit de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l’assemblage confus de tous les autres ensemble, et qu’il ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule. Car il faut qu’on en soit affecté un peu par le mouvement de cette vague et qu’on ait quelque perception de chacun de ces bruits, quelque petits qu’ils soient ; autrement on n’aurait pas celle de cent mille vagues, puisque cent mille rien ne sauraient faire quelque chose. (…)
Ces petites perceptions sont donc d’une plus grande efficacité qu’on ne pense. Ce sont elles qui forment (...) ces impressions que les corps environnants font sur nous, et qui enveloppent l’infini, cette liaison que chaque être a avec le reste de l’univers. On peut même dire qu’en conséquence de ces petites perceptions le présent est plein de l’avenir et chargé du passé, que tout est conspirant et que dans la moindre des substances, des yeux aussi perçants que Dieu pourraient lire toute la suite des choses de l’univers. »
Lectures
Leibniz, Monadologie (1714), §20-24, pp247-248 ed GF (1996)
Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain, (II, XX « Des modes du plaisir et de la douleur »), pp130-131 (Garnier Flammarion, 1990)
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