Eugène Green, un cinéaste spirituel : épisode 1/82 du podcast Profession philosophe

Eugène Green à Locarno en 2009
Eugène Green à Locarno en 2009 ©Maxppp - MARTIAL TREZZINI/EFE/Newscom
Eugène Green à Locarno en 2009 ©Maxppp - MARTIAL TREZZINI/EFE/Newscom
Eugène Green à Locarno en 2009 ©Maxppp - MARTIAL TREZZINI/EFE/Newscom
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Portrait d'Eugène Green, cinéaste et écrivain, dont l'oeuvre est empreinte de philosophie, à la recherche de la quête du sens et traversée par les pluralités de l'être, la superposition des temps et les réflexions sur les langues.

Avec

Les Chemins de la philosophie du vendredi inaugurent une nouvelle formule cette année :   nous vous proposerons chaque vendredi des grands entretiens avec ceux qui font vivre la philosophie aujourd’hui. 

L'invité du jour :

Eugène Green, cinéaste et écrivain.

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Eugène Green naît en 1947 à New York. Il ne trouve pas sa place aux Etats-Unis où il n’adhère ni à l’histoire du pays, ni à la culture. À la fin des années 60, il part pour la France dont la culture, la langue et le passé historique l’attire fortement, fasciné par le siècle des Lumières.
Il fait du Français sa langue et découvre aussi celle du XVIème et du début du XVIIème siècle, à l’époque des prémisses du baroque, une période qui inspire son œuvre et la traverse.
Au début des années 70 il crée la compagnie le Théâtre de la Sapience qui fait revivre un art du théâtre baroque en restituant la diction de l’époque, les tonalités théâtrales ainsi que l’éclairage à la bougie.
Aujourd’hui cinéaste et écrivain, Eugène Green développe une réflexion sur la parole et son incarnation au travers de l’élocution et du cadrage dans son cinéma.

La pluralité de l'être chez Eugène Green

La pluralité de l’être m’attire chez Fernando Pessoa et je la ressens moi-même. Ce qui m’intéresse dans la culture c’est justement cette pluralité de l’être, la superposition des temps, le fait que la vérité est quelque chose de contradictoire, ni apparent ni lisse mais plutôt la réunion de plusieurs choses que la raison trouveraient contradictoires.        
Eugène Green

La langue française pour Eugène Green, une réminiscence platonicienne

Dans la langue française il y avait quelque chose qui me faisait penser que c’était là où j’étais né, bien que ça ne corresponde pas à la réalité physique ou historique.                  
Fernando Pessoa a dit que la langue portugaise était devenue sa patrie et je pourrais dire la même chose à propos de la langue française. En apprenant le Français, c’était comme une réminiscence platonicienne, j’avais l’impression de me souvenir de quelque chose qui était déjà là et oublié, latent, plutôt que d’apprendre quelque chose de complètement inconnu.        
Eugène Green

Le rapport à la philosophie d'Eugène Green

Si vous trouvez un aspect philosophique dans mon travail ce n’est pas parce que j’ai lu beaucoup de philosophie mais plutôt parce que je ne peux pas m’empêcher de penser par rapport à mon expérience et mon être. Parfois ça me nourrit de trouver chez les écrivains du passé des choses qui ont un rapport avec ce qui m’intéresse dans la pensée.                  
Mon courant de philosophie commence avec Platon et passe par saint Augustin, Pascal et aussi les grands mystiques comme Raymond Lulle ou saint Jean de la Croix.        
Eugène Green

Le cinéma comme parole faite image

Jusqu’au 17ème siècle, la parole était à la fois un corps et une âme, elle n’existait qu’incarnée, elle était un microcosme qui contenait une multiplicité de possibilités. C’est ce qui faisait que la poésie était possible, elle mettait en valeur la parole dans toute son ambiguïté. Au 18ème siècle avec la pensée rationnaliste, on a tenté de réduire la parole au mot, simple signe dans un système de représentation.                  
Dans la pensée dominante de la civilisation occidentale on a perdu la parole dans le sens plein. À la fin du 19ème siècle, c’est l’image photographique et cinématographique qui a essayé de prendre la relève, elle fonctionne de la même façon mais peut faire voir dans ses éléments captés des choses cachées. C’est pour ça que je définis le cinéma comme la parole faite image.        
Eugène Green

Sons diffusés durant l'émission :

  • Lecture du Livre de l'intranquilité de Fernando Pessoa, paragraphe 94, traduction de Françoise Laye et lecture de Georges Claisse
  • Musique de fado mélancolique par Aldina Duarte, Não Vou, BO de La Religieuse portugaise d'Eugène Green
  • Extrait du film La Sapienza d'Eugène Green, 2015
  • Musique de Monteverdi, Le Lamento della Ninfa, écrit en 1638

Bande annonce du film La Sapienza d'Eugène Green, 2015

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