Comment définir le patriarcat ? Est-ce un geste si évident, si naturel, que de faire découler du père tout un ordre politique ?
- Manon Garcia Philosophe, Junior Fellow à la Society of Fellows de l’Université de Harvard
Que peut-on faire au nom du père ? Pourrait-on par exemple penser tout un ordre moral, social et politique ? Pourrait-on imaginer des lois, des gouvernements, des usages ?
Pourrait-on tout accepter, tout justifier, au nom de ce père ? Au simple nom du père ? Parce que le père est plus qu'un nom, on a fait mieux que ça, mieux que penser ou imaginer, on l'a créé : le patriarcat...
L'invitée du jour :
Manon Garcia, philosophe, est Junior Fellow à la Society of Fellows de l’université de Harvard
Qu'est-ce que le patriarcat ?
Le patriarcat fonde la distinction entre la sphère publique et la sphère privée. C’est l’idée que dans la sphère privée, des hommes règnent sur leur maison, le Pater familias hérité du droit romain, et ce qu’on a appelé la patria potestas, le pouvoir qu’avait le Pater familias dans sa maison. Et évidemment, originellement, on distingue le patriarcat de ce qui se passe de la sphère politique, en tout cas c’est ce qu’on pense depuis les auteurs du contrat social. Les féministes des années 70 ont voulu se réapproprier de cette notion de patriarcat pour dire qu’il est partout, il n’est pas que dans la sphère privée… Manon Garcia
Réappropriation féministe du terme "patriarcat"
La sociologue Christine Delphy a construit le concept de patriarcat en France. Dans les années 70, il y a une division des féministes entre les féministes socialistes et les féministes radicales. Les féministes socialistes pensent que tout peut être ramené au capitalisme, qu'il n’y a pas une spécificité de l’oppression patriarcale mais qu’il est l’une des formes que prend le capitalisme… À l’inverse, les féministes radicales pensent qu’il existe une oppression spécifique aux femmes : le patriarcat ; on a alors besoin de ce concept pour expliquer l’organisation sociale qui opprime les femmes.
Manon Garcia
Textes lus par Georges Claisse :
- Extrait du Léviathan, de Hobbes, Chapitre XX, Des dominations paternelle et despotique, 1651
- Extrait du Deuxième sexe, de Simone de Beauvoir, Tome 1, introduction, 1949
Sons diffusés :
- Extrait du film Tu seras mon fils, de Gilles Legrand, 2011, confrontation entre Niels Arestrup (le père) et Lorànt Deutsch (le fils)
- Archive de Christine Delphy dans La Fabrique de l'histoire sur France Culture, 13/05/2008
- Archive d'un journal daté du 09/06/1974, grève des femmes
- Archive d'un journal de France Inter, reportage d'Anne Brunel, 1984, sur le Tour de France féminin
- Chanson de fin : Stromae, Papaoutai
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