Gaston Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique. Commentaire de texte : épisode 4/4 du podcast Bac philo 2013

France Culture
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La Formation de l’esprit scientifique, un texte de Gaston Bachelard que vient analyser pour vous Francis Métivier en compagnie de ses élèves.

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La Formation de l’esprit scientifique, de Gaston Bachelard, un commentaire de texte proposé par Francis Métivier.

Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques (1). La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire » mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.  
Gaston Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique

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La connaissance de la doctrine de l'auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Éléments de problématique

Le texte pose la question du progrès scientifique, de ses conditions, son moteur. Dans quelle mesure progresse-t-on dans les sciences ? Selon quel critère ?

Bachelard propose une réponse qui va à l’encontre de la représentation habituelle de l’évolution des sciences (celle du sens commun et des scientifiques eux-mêmes). Pour Bachelard, la science n’avance pas par paliers successifs ou cumulatifs et rejet automatique des erreurs, mais au contraire par l’erreur, sa réalisation et sa correction.

Sa thèse se construit sur le principe de l’ « obstacle épistémologique », c’est-à-dire ce qui produit une interférence entre le scientifique et son objet : le savoir scientifique lui-même, le fait de chercher à connaître le monde.

Le texte soulève un enjeu : la nécessité de chercher à connaître les phénomènes tout en acceptant puis en dépassant l’obstacle épistémologique. En tout état de cause, la connaissance conçue comme certaine car infailliblement déduite des procédés courant de démonstration, est remise en cause par Bachelard.

Plan du texte

1.  *De « Quand on cherche… » à « de l’esprit humain » * - Affirmation de l’obstacle comme moteur de la science et précision sur ce qui n’est pas la nature de cette obstacle.

1.1. De « Quand on cherche… » à « le problème de la connaissance scientifique »  - Affirmation de l’obstacle comme constitutif de la science.

Mais quel type d’obstacle ?

1.2. De « Et il ne s'agit pas de considérer… » à « de l'esprit humain » -  L’obstacle ne se trouve ni dans l’objet de la science (les faits complexes) ni chez le sujet scientifique (ses faiblesses).

Alors quelle est la nature de l’obstacle ?

2. De « c’est dans l’acte même de connaître… » à « toujours récurrentes »  - Explication de la véritable nature de cet obstacle : le fait même de connaître.

2.1. De « c'est dans l'acte même de connaître » à « des troubles » -  L’obstacle dit « épistémologique » : il tient dans le rapport du scientifique à son objet.

Quelle conséquence ?

2.2. *De « C'est là que » à « obstacles épistémologiques » * – Énonciation de l’effet de ce type d’obstacle : la science stagne, voire recule.

Comment se remet-elle dès lors en marche ?

2.3. De « La connaissance du réel » à « toujours récurrentes »  – La science ne voit les phénomènes que partie après partie.

De là, comment la science se construit-elle ?

3. De « Le réel n’est jamais… » à « spiritualisation. »  – Énonciation d’une méthode face à l’obstacle épistémologique : un retour vers le passé afin de mieux avancer.

3.1. *De « Le réel n'est jamais… » à « mis au point. » * – Les croyances immédiates de l’expérience doivent être confirmées par une rationalité scientifique qui ne peut se mettre en place que progressivement.

Les erreurs sont-elle, dès lors négatives ? i.e.  non.

3. 2. De « En revenant… » à « spiritualisation. »  – La connaissance scientifique suit un mouvement rétroactif qui élimine ou rectifie les erreurs antérieures.

Francis Métivier et Adèle Van Reeth
Francis Métivier et Adèle Van Reeth
© Radio France - MC
NCC bac blanc de philo 4
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Textes lus pas Georges Claisse

Musiques diffusées

  • Logreybeam ,This torment and this thought
  • Les Malpolis , Les scientifiques
  • Chanson Plus Bifluorée , L'informatique

Archives diffusées

  • Entretien avec Gaston Bachelard à propos de son livre Le nouvel esprit scientifique  en 1952 extrait de l'anthologie du XXème siècle (Frémeaux et Associés)
  • Michel Foucault à propos de Gaston Bachelard extrait d' *Un certain regard * (02/10/1972)

Une émission en partenariat avec Philosophie Magazine

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