Isabelle Huppert : "Chabrol m’a donné l’occasion de creuser un territoire intime à l’intérieur du sien propre" : épisode 3/4 du podcast Claude Chabrol dissèque le réel

Claude Chabrol et Isabelle Huppert en 1988 sur le tournage du film "Une affaire de femmes"
Claude Chabrol et Isabelle Huppert en 1988 sur le tournage du film "Une affaire de femmes" ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho
Claude Chabrol et Isabelle Huppert en 1988 sur le tournage du film "Une affaire de femmes" ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho
Claude Chabrol et Isabelle Huppert en 1988 sur le tournage du film "Une affaire de femmes" ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho
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Dans sept films de Claude Chabrol, de 1978 à 2006, Isabelle Huppert a interprété des personnages féminins qui se sont répétés et ont évolué, à la recherche d’un ailleurs. Jouer, est-ce se dissoudre dans un rôle, ou se rapprocher de soi ?

Avec

La rencontre entre Isabelle Huppert et Claude Chabrol aura donné naissance à 7 films, de Violette Nozières, en 1978, à L'ivresse du pouvoir, en 2006.
Sept films dans lesquels le personnage féminin joué par Isabelle Huppert va à la fois se répéter et évoluer : femme condamnée à mort, femme empoisonneuse puis empoisonnée, femme insatisfaite et mélancolique, en quête d'un ailleurs, femme meurtrière, et femme de pouvoir, qui survit, joue, et s'impose.

"Elle m'est indispensable pour exprimer certains personnages féminins que j'ai en tête" disait Chabrol, mais comment un réalisateur peut-il se reconnaître dans ce que l'actrice exprime ? Si elle joue des rôles, et que lui dirige des personnages, qui parle à qui, et où se passe la création ?

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L'invitée du jour :

Isabelle Huppert, comédienne

Redéfinir la notion de "personnage"

J’ai su répondre à une attente de Chabrol qui consiste au fond à ne pas attendre grand chose de ses personnages… En tout cas rien de performatif, tant sur le jeu que sur le plan des sentiments exprimés. Rien que de tout à fait ordinaire dans des situations qui ne le sont pas tout à fait, dans le cas de la plupart des personnages que j’ai joués avec Chabrol. Il ne fallait pas héroïser les personnages, finalement il ne fallait pas en faire des personnages ! Il voulait se débarasser de cette notion de représentation qui serait parfois liée au cinéma, et liée aussi à une certaine époque du cinéma aussi, où d’une part la frontière entre le bien et le mal était plus définie, et d’autre part on attendait des personnages qu’ils soient des héros, des gens auxquels on pourrait s’identifier… Chabrol s’est intéressé au thème du bien et du mal, il s’est penché toute sa vie sur la façon dont la racine du mal surgit dans les destinées humaines.
Isabelle Huppert,

Sons diffusés :

  • Mix de début d'émission par Nicolas Berger avec les voix d'Isabelle Huppert, Claude Chabrol, Benoît Jacquot, Anne Fontaine et Michael Haneke
  • Extrait du film Violette Nozière, de Claude Chabrol, 1978
  • Extrait du film Une affaire de femmes, de Claude Chabrol, 1988
  • Extrait du film Madame Bovary, film de Claude Chabrol, 1991
  • Extrait du film Merci pour le chocolat, de Claude Chabrol, 2000
  • Archive de Chabrol à propos de Madame Bovary, France Inter, 10 septembre 1999
  • Archive de Chabrol sur les rôles d'Isabelle Huppert, dans Projection privée à l'occasion de la sortie de L'Ivresse du pouvoir, France Culture, 25 février 2006
  • Archive de Chabrol racontant sa rencontre avec Huppert, dans Les étoiles du cinéma avec André Asséo, France Inter, 10 août 2002
  • Lecture d'Adèle van Reeth d'un extrait de la préface de L’Ere du soupçon, de Nathalie Sarraute, 1956, éditions Gallimard
  • Chanson de fin : Michel Jonasz, Changez tout
À réécouter : Nuit Claude Chabrol