Journal d’une vie ordinaire : épisode 4/4 du podcast Henry David Thoreau

A forest on San Juan Island.
A forest on San Juan Island. - Photographed by Tom Harpel
A forest on San Juan Island. - Photographed by Tom Harpel
A forest on San Juan Island. - Photographed by Tom Harpel
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Découvrez, en compagnie de Michel Granger comment David Henry Thoreau, ce penseur excentrique fait surgir l'extraordinaire au sein de l'ordinaire.

Avec
  • Michel Granger professeur émérite de littérature américaine à l’université Lyon 2, spécialiste de Thoreau

Le Journal est le lieu où Thoreau construit sa pensée à partir de la contemplation de la nature : en brouillant la limite entre l'humain et l'animal, Thoreau utilise les enseignements tirés de la faune et de la flore de son village Concord, afin de créer un art de vivre.

Le texte du jour

« Quand on m’a proposé de voyager, de me dérouiller et d’améliorer ma condition au sens banal du terme, j’ai craint que ma vie ne perde un peu de sa simplicité. Si ces champs, ces cours d’eau et ces bois, les phénomènes de la nature proche et les occupations simples de ses habitants devaient cesser de m’intéresser et de m’inspirer, alors aucune culture ni aucune richesse ne pourrait me dédommager de cette perte. Je redoute le gaspillage impliqué par les voyages, la fréquentation de la société, même la meilleure, le plaisir des luxes intellectuels. Si Paris est très présent dans ton esprit, si cette ville compte de plus en plus pour toi, Concord compte de moins en moins, et ce serait pourtant un marché de dupes que d’accepter d’échanger la plus fière des capitales contre mon village natal. Au mieux, Paris serait seulement une école où apprendre à y vivre, un marchepied pour Concord, une école pour suivre les cours de cette université. Je souhaite toujours vivre pour tirer satisfaction et inspiration des événements les plus banals, des phénomènes quotidiens ; ainsi, ce que mes sens perçoivent à chaque instant, ma promenade de chaque jour, mes conversations avec mes voisins, m’inspirent, et je ne rêve de nul ciel sinon de celui qui m’entoure. Certains hommes se mettent à apprécier le vin ou le brandy, et perdent ainsi tout amour pour l’eau, mais ne devrions-nous pas les plaindre ? La vue d’un busard Saint-Martin dans les prés de Concord m’importe davantage que l’entrée des alliés à Paris. En ce sens, je ne suis pas ambitieux. Je ne veux pas que ma terre natale s’épuise et dépérisse par négligence. Seul est bénéfique le voyage qui me révèle la valeur de ma terre natale et me permet de mieux en jouir. Le plus riche des hommes est celui dont les plaisirs sont les moins coûteux. »

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D.H Thoreau, Journal, 11 mars 1856, extrait de Thoreau, Pensées sauvages, sélection de textes par Michel Granger, Le mot et le reste, 2017, p.101.

Lectures

- David Henry Thoreau, Journal, 18 Avril 1852, extrait de Thoreau, Pensées sauvages, sélection de textes par Michel Granger, Le mot et le reste, 2017, p 101

- David Henry Thoreau, Journal, 18 Avril 1852, extrait de Thoreau, Pensées sauvages, sélection de textes par Michel Granger, Le mot et le reste, 2017, p 128-129

- David Henry Thoreau, Journal, 18 Avril 1852, extrait de Thoreau, Pensées sauvages, sélection de textes par Michel Granger, Le mot et le reste, 2017, p.16

Références musicales

- Serge Gainsbourg, Le grand méchant vous

- Aaron Copland, Oeuvres pour piano

- Carla dal Forno, Dry in the rain

- Jones Fleeting, June too soon October all over

Michel Granger
Michel Granger
© Radio France - S.Marchand

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