Pour Christophe Honoré, Truffaut est la figure même du cinéaste. Il le découvre à l'adolescence par la lecture de sa correspondance, puis il est ébloui par "Jules et Jim". Quelles visions de l'amour et de la façon de le filmer partagent-ils ?
- Christophe Honoré Ecrivain, scénariste, critique et réalisateur de cinéma
L'invité du jour :
Christophe Honoré, cinéaste, écrivain, dramaturge, metteur en scène
Une émission initialement diffusée le 19/09/2019
Truffaut, tout le cinéma à lui seul
"Je me suis identifié à Truffaut bien avant d’être cinéaste. Quand j’étais spectateur, j’avais une vingtaine d’années, c’était lui qui me touchait beaucoup. Il y avait quelque chose d’une figure de cinéaste qui me semblait représenter à elle seule l’ensemble des cinéastes français. J’avais l’impression que Truffaut c’était à la fois Renoir, Vigo, la nouvelle vague à lui tout seul, et tout le cinéma des années 70 que je voyais à la télévision depuis la porte de la salle à manger quand je me cachais de mes parents. Il y a des gens qui représentent une époque."
Christophe Honoré
La littérature, à l'origine du cinéma ?
"Ce qui fait un film de Truffaut c’est d’admettre que le cinéma français dépend de la littérature. Pour moi, un cinéma d’auteur c’est celui où, lorsqu’on regarde un film, on sait à peu près ce qu’il y a comme livres sur la table de chevet du cinéaste. On voit bien que dans les films de Truffaut, la littérature est presque première. C’est pourtant un cinéphile absolu mais je crois que le livre est le point de départ chez lui. Il envisage un scénario comme un roman."
Christophe Honoré
"Jules et Jim", le grand film de l’homosexualité de la Nouvelle Vague ?
"Dans "Jules et Jim", je ne crois pas que l’histoire soit celle d’une femme qui aime deux hommes et qui en meurt, je crois que c’est deux hommes qui s’aiment et qui se servent d’une femme pour s’aimer. La féminité, dans le film, est du côté des hommes, et le masculin est plutôt du côté de Jeanne Moreau, qui, pour s’intégrer dans ce trio, se travestit. On dit souvent que la Nouvelle Vague a absolument été incapable de mettre en scène l’homosexualité, mais pour moi, "Jules et Jim" est le grand film de l’homosexualité de la Nouvelle Vague… C’est la force des grands films, qu’on puisse en tant que spectateur se les raconter et qu'ils s'accordent à nos désirs."
Christophe Honoré
Sons diffusés :
- Chanson de Vincent Delerm, Nous imitons François Truffaut
- Montage de début d'émission mêlant des extraits de Jules et Jim, de François Truffaut, 1962, et Les Chansons d'amour, de Christophe Honoré, 2007
- Extrait de Jules et Jim, de François Truffaut, 1962
- Extrait du Dernier Métro, de François Truffaut, 1980
- Extrait de La Femme d'à côté, de François Truffaut, 1981
- Extrait de Dans Paris, de Christophe Honoré, 2006
- Archives de François Truffaut, inédit Festival de Cannes
- Chanson de fin : Avanie et Framboise (ou Framboise), de Bobby Lapointe (Bande originale du film Tirez sur le pianiste, de François Truffaut, 1960)
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration