L'Exforme de Nicolas Bourriaud

Installation de Tim Noble et Sue Webster. Académie royale de Londres, 22/09/ 2000
Installation de Tim Noble et Sue Webster. Académie royale de Londres, 22/09/ 2000 ©AFP - HUGO PHILPOTT
Installation de Tim Noble et Sue Webster. Académie royale de Londres, 22/09/ 2000 ©AFP - HUGO PHILPOTT
Installation de Tim Noble et Sue Webster. Académie royale de Londres, 22/09/ 2000 ©AFP - HUGO PHILPOTT
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De l'art au dépotoir : Nicolas Bourriaud descend dans le monde des ordures à la recherche d'une signification pour l'art contemporain

Avec
  • Nicolas Bourriaud Historien de l'art, il a dirigé l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris, La Panacée et dernièrement le MoCo à Montpellier

Commissaire d'exposition et historien d’art, ancien co-directeur du Palais de Tokyo, ancien directeur de l’école des Beaux-Arts, Nicolas Bourriaud dirige actuellement le centre de culture contemporaine la Panacée à Montpellier. Il vient de publier un essai sur la place des déchets dans la création contemporaine. Il y décrit un monde envahi par "les archives engorgées de produits de plus en plus périssables, la junk-food, les embouteillages", où l'homme arrive de moins en moins à maîtriser ses déchets. Comment l'art contemporain est-il travaillé par cette tendance à l'accumulation propre à notre société ?

Le texte du jour

"Il y a bien des années, j’ai vu dans une rame de tramway une affiche qui, si les choses importantes étaient à leur vraie place dans le monde, aurait trouvé ses admirateurs, ses historiens, ses exégètes et ses copistes comme n’importe quel grand poème ou n’importe quel grand tableau, ce qu’elle était tout à la fois. Mais, comme il peut arriver parfois lorsque nous recevons des impressions inattendues et très profondes, le choc a été si violent, l’impression m’a percuté, si je puis dire, avec tant de force, qu’elle a transpercé le sol de ma conscience et qu’elle est restée cachée dans l’obscurité pendant des années quelque part en moi sans que je pusse la retrouver. Je savais seulement qu’il s’agissait d’un bicarbonate de soude, le « sel Bullrich » et que l’entrepôt original de ce sel était une petite cave. (…) Au premier plan, une voiture tirée par des chevaux avançait dans le désert. Elle transportait des sacs sur lesquels était écrit : « Sel Bullrich ». Un de ces sacs était percé et du sel avait déjà coulé par terre sur une certaine distance. A l’arrière-plan, dans le désert, deux poteaux portaient une grande enseigne avec les mots « est le meilleur ». Mais que faisait la trace de sel sur la piste dans le désert ? Elle traçait des lettres qui formaient les mots « Le Sel Bullrich ». L’harmonie préétablie d’un Leibniz n’était-elle pas un simple enfantillage à côté de cette prédestination si précisément inscrite dans le désert ? Et cette affiche ne donnait-elle pas une métaphore de certaines choses dont personne n’a encore fait l’expérience ici-bas ? Une image de la quotidienneté de l’utopie ?"

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Walter Benjamin, Paris, Capitale du XIXème siècle, « Passages », Cerf, 1982, p.193

Extraits

- Archive : Arman (émission Staccato/ France Culture, 13/04/1998)

- Archive Althusser (émission « Une vie une œuvre » de Perrine Kervran, 05/12/2015)

- Archive Joseph Beuys (émission « Atelier de création radiophonique », 25/01/1987)

Lectures

- George Bataille et Michel Leiris, Documents (Revue),

- Walter Benjamin, Paris, Capitale du XIXème siècle, « Passages », Cerf, 1982, p.193

Références musicales

- John Cage, The unavailable memory of

- Jacques, L'incroyable vie des choses

- Jacques, Faîtes quelque chose

- Arthur H, L’abondance

Une vie, une oeuvre
59 min

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