

Cette citation sonne comme un cri dans une époque cartésienne qui distingue le corps de l’esprit autant que l’homme de la nature. Pour Spinoza, l’homme n’est qu’une modalité parmi bien d’autres de la nature, il n'est qu'interactions. Sa puissance ? Celle d’être affecté.
- Pascal Sévérac Professeur de philosophie à l'Université Paris-Est Créteil et à l'École Supérieure du Professorat et de l'Éducation, membre du laboratoire "Lettres, Idées, Savoirs", spécialiste de la philosophie spinoziste
"L’homme n’est pas un empire dans un empire", Spinoza énonce cette phrase dans la préface de la troisième partie de l’Ethique.
Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas de diminuer la puissance de l’esprit humain mais au contraire de nous inviter à suivre un itinéraire philosophique entièrement dirigé vers la formulation d’une substance unique, absolument infinie, dont nous serions les attributs et qui porterait le nom de Dieu, c’est à dire de nature.
L'invité du jour :
Pascal Sévérac, professeur de philosophie à l'UPEC (Université Paris-Est Créteil), il enseigne à l'INSPÉ (École Supérieure du Professorat et de l'Éducation) et est membre du laboratoire LIS ("Lettres, Idées, Savoirs"), spécialiste de la philosophie spinoziste
L'homme, une modalité de la nature
Ce à partir de quoi Spinoza construit sa pensée, c’est avec l’idée que l’homme n’est qu’une modalité parmi bien d’autres de la nature. Ça ne signifie pas qu’il n’est qu’impuissance, mais que ce qu’il fait, c’est en interactions. Cette idée d’interaction est au coeur de ce rejet de la représentation de l’homme comme un empire dans un empire… ce qu’est l’homme, c’est d’être une puissance d’être affecté.
Pascal Sévérac
Plus fort ensemble
L’idée de Spinoza c’est que ce n’est pas en exercant sa puissance sur ou contre les autres qu’on est le plus puissant, c’est en essayant de faire cause commune, en essayant d’être ensemble. Toute l’Ethique de Spinoza c’est de montrer qu’à travers un égoïsme bien compris, on peut développer une forme d’altruisme, pas par bienveillance naturelle, mais par un bon calcul d’intérêts.
Pascal Sévérac
On ne pense jamais seul
La philosophie de Spinoza est une pensée de la relation, mais qui ne veut pas dissoudre les termes qui rentrent en relation. On n’est pas dans une pensée de la seule substance, on appartient à un même tissu, il y a ce fond de communauté à partir duquel on peut chacun se singulariser, et c’est à partir de ce fond de communauté qu’il faut penser. C’est à travers cette détermination par l’autre qu’une augmentation de puissance est possible, qui devient de plus en plus autonome. On ne commence jamais seul.
Pascal Sévérac
Textes lus par Eric Herson-Macarel :
- Extrait de la préface de la troisième partie de l’Ethique
- Extrait de la quatrième partie de l’Ethique
- Extrait de Émile ou De l'éducation, de Rousseau
Sons diffusés :
- Extrait du film Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque, de Irvin Kershner
- Archive de France Culture avec Bourdieu dans l’émission Ne quittez pas l’écoute, diffusée pour la première fois le 29/09/1977 et réalisée par Françoise Malettra
- Extrait du film animé Souvenirs goutte à goutte, de Isao Takahata, 1991
- Musique de Haydn, Quatuor à cordes en sol majeur
- Musique de Bach, L’art de la fugue
- Chanson de Bob Dylan, Man gave names to all the animals
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration