Faut-il absolument se délester des kilos de l'ego pour avancer sur le chemin de la morale ? Pourquoi devrait-on s'excuser d'exister ?
- PIerre-Alban Gutkin-Guinfolleau Maître de conférences à l’Institut Catholique de Paris
Une rediffusion du 01/09/2020
"Comme ils sont odieux... ces gens qui sont hypnotisés par leur propre moi, par Leurs voyages, par Leur santé, par Leurs examens, par Leur intéressante personne et par Leurs précieuses tripes."
Jankélévitch, Lettre à Louis Beauduc, 20 septembre 1924, Correspondances
Comment faire pour cacher ce "je" que l'on ne saurait voir ?
L'humilité, nous dit Jankélévitch, est la clé, la vertu intermédiaire, mais comment distinguer l'humilité de l'humiliation ?
L'invité du jour :
Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau, enseignant dans le secondaire et le supérieur, doctorant à l’ENS-Ulm
La vertu, corrompue par la conscience
À partir du moment où on dit qu'on est humble, on s'en rend compte et ça gâche tout. La conscience est toujours un peu perverse, altère l'objet qu'elle prend, qu'elle enserre dans ses griffes et elle perd ou corrompt la précieuse vertu... Quelqu'un qui se sait beau devient laid. Quelqu'un qui se sait drôle devient ridicule. Quelqu'un qui se sait modeste est toujours suspect puisqu'on peut se dire qu'il est humble ou modeste pour le montrer, et donc pour faire une sorte de calcul intéressé qui n'est plus du tout moral.
Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau
L'humilité ou la préparation à la charité
L'humilité a un rôle de préparation, un rôle de préméditation de l'acte moral. Elle est une disposition qui permet au sujet d'être prêt quand l'occasion de l'acte courageux, de la générosité ou du pardon se présente. L'humilité, c'est la préparation d'un sujet qui est entièrement disposé à la grâce, à la charité.
Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau
Textes lus par Vincent Schmitt :
- Extrait du Traité des vertus, de Jankélévitch, Les Vertus et l’amour, 1949, tome 2, volume 1, "L'humilité et la modestie", éditions Flammarion (avec une musique de Janacek, Sur le sentier brousailleux)
- Extrait de Quelque part dans l'inachevé, de Jankélévitch, 1978, éditions Gallimard (avec une musique de Chopin, Berceuse en ré bémol majeur, op 57)
Sons diffusés :
- Archive de Jankélévitch, France Culture, 12/11/1971
- Chanson de Kendrick Lamar, Humble
- Extrait du film Le fantôme de la liberté, de Luis Buñuel, 1974
- Extrait du film Comment réussir quand on est con et pleurnichard, de Michel Audiard, 1974
- Lecture d'Adèle van Reeth d'un extrait de Première et dernière page, de Jankélévitch, éditions Seuil
- Archive de Jankélévitch dans l'émission Radioscopie, France Inter, 13/11/1969
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