La drogue est-elle forcément du côté de l’excès ? Quelle est l'histoire de ses liens avec la littérature ? Comment la drogue a-t-elle nourri l'imaginaire d'écrivains tels que Henri Michaux, Balzac ou encore Mireille Havet ?
- Cécile Guilbert essayiste et romancière
Dans son ouvrage Ecrits stupéfiants : drogues & littérature de Homère à Will Self, au travers d'un choix non-exhaustif de 220 auteurs, l'essayiste et écrivaine Cécile Guilbert dresse une anthologie, propose une histoire de la rencontre entre les drogues et la littérature.
Quelles sont les périodes bénies ou prolixes en consommation de psychotropes ?
Dans le livre, Cécile Guilbert raconte également son expérience, son rapport intime et donc empirique aux drogues prises. On suit son cheminement au milieu des drogues pour finalement en sortir, la meilleure défonce étant la littérature...
L'invitée du jour :
Cécile Guilbert, essayiste et romancière
Petite histoire de la drogue
En anglais, le terme « drug » désigne à la fois un médicament et la substance qu’on dit toxique ou poison. La plupart des drogues qu’on connaît : morphine, héroïne, cocaïne, sont à l’origine des médicaments. Il existe en tout cas une histoire médicale des drogues, et aussi une histoire récréative. La drogue ne devient cette route vers l’excès que quand on dépasse la dose, et quand on s’intoxique véritablement, la drogue devient alors un poison… Toute cette terminologie, on l'utilisera à la fin du 19ème siècle. La question de l’excès renvoie à cette interrogation philosophique de la tempérance : tant qu’on reste tempérant avec certaines drogues, tout va bien. Mais y-a-t-il des drogues qui permettent de rester tempérant ? C’est toute la question parce que justement il y a des drogues qui vous poussent à l’excès…
Cécile Guilbert
La plus belle ivresse ? La littérature
Je me sens proche des écrivains de la Beat Generation comme Jack Kerouac ou Allen Ginsberg qui avaient aussi, à travers la drogue et l’écriture, une recherche d’autre chose, une démarche spirituelle vers une forme de sagesse qui était du côté de l’Orient. Une grande partie de l’imaginaire des drogues est du côté de l’Orient ou de l’Amérique latine... Mais en même temps, des épreuves de la vie, de traversées, vous font naître à autre chose, vous font muter, vous avez plusieurs vies en une vie. Je n’ai plus de plaisir avec la drogue, j’ai même une angoisse à l’idée de prendre des drogues. Je trouve l’ivresse dans l’étude, s’y enfoncer est une bonne façon de passer le temps, ainsi qu’écrire, lire, aimer.
Cécile Guilbert
Textes lus par Daniel Mesguich :
- Extrait de Misérable miracle : la mescaline, d'Henri Michaux, Caractères de la mescaline, 1956, éditions du Rocher (avec une musique de Kenneth James Gibson, Unblinded)
- Extrait de Journal 1927-1928 : Héroïne, cocaïne ! La nuit s'avance..., de Mireille Havet, 1927, éditions Claire Paulhan (avec une musique de John Adams, Common tones in simple time)
- Extrait de Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme, de Bill Clegg, 2010, éditions Actes Sud, traduction de Laure Manceau (avec une musique de John Corigliano, Mr. Tambourine Man / 3 Hallucinations (Plitmann, Buffalo Philharmonic, Falletta)
- Extrait de Traité des excitants modernes, d'Honoré de Balzac, Du café, 1839, éditions Actes Sud
Sons diffusés :
- Extrait du film Balzac, de Josée Dayan, 1999
- Musique d'Alexandre Rabinovitch-Barakovsky, Le rêve
- Chanson de Nathalie Joly, Morphinée, reprise d'une chanson d'Yvette Guilbert, reine du café-concert de la fin du XIXème siècle
- Archive d'Allen Ginsberg, interviewé par Jean-Pierre Mirouze, en mai 1965
- Chanson d'Afroman, Because I Got High
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
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