La haine de la police : épisode • 2/4 du podcast Que fait la police ?

Manifestation des policiers contre la haine anti-flics
Manifestation des policiers contre la haine anti-flics ©Sipa - Sébastien SALOM-GOMIS
Manifestation des policiers contre la haine anti-flics ©Sipa - Sébastien SALOM-GOMIS
Manifestation des policiers contre la haine anti-flics ©Sipa - Sébastien SALOM-GOMIS
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"Violence légitime" de l'Etat, anarchisme, rage politique... la haine de la police est au menu des Nouveaux chemins de la connaissance, avec le philosophe Jean-Chistophe Angaut.

Avec
  • Jean-Christophe Angaut Maître de conférences de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, spécialiste de Mikhaïl Bakounine, du jeune hégélianisme et plus généralement de la philosophie allemande de Kant à Nietzsche, membre du collectif de rédaction de la vue Réfractions

"Tout le monde déteste la police", a-t-on pu entendre au printemps dernier lors des manifestations contre la loi Travail. Mais quelles causes sociales, quels motifs philosophiques ou politiques peuvent venir légitimer ce slogan ? De la critique de la "violence légitime" exercée par l'Etat au personnage méprisé du "mouchard", de l'anarchisme de Bakounine à la rage revendiquée du Comité Invisible, les Nouveaux Chemins dissèquent aujourd'hui la "haine de la police" en compagnie du philosophe Jean-Christophe Angaut.

Le texte du jour

« L’affirmation selon laquelle les fins de la police sont constamment identiques à celles du droit, ou au moins qu’elles leur seraient liées, est totalement fausse. Le « droit » de la police désigne bien davantage, au fond, le point où l’Etat, soit par impuissance, soit à cause de la logique immanente à tout ordre juridique, ne peut plus garantir avec les moyens de cet ordre les fins empiriques qu’il veut atteindre à tout prix. Ainsi, pour « garantir la sécurité », la police intervient dans d’innombrables cas où il n’existe aucune situation juridique claire, quand elle n’accompagne pas le citoyen comme une contrainte brutale, sans aucune relation avec des fins légales, à travers une vie réglée par des ordonnances, ou simplement le surveille. Contrairement au droit, qui dans la « décision » fixée selon le lieu et le temps, voit une catégorie métaphysique, par laquelle il revendique le droit à la critique, l’examen de l’institution policière ne rencontre rien d’essentiel. Sa violence est informe, comme son apparition nulle part saisissable, omniprésente et fantomatique dans la vie des Etats civilisés. Et la police peut bien être partout égale à elle-même, y compris dans des cas individuels, on ne peut finalement pas méconnaitre que son esprit est moins dévastateur quand elle représente, dans une monarchie absolue, la violence du souverain, où s’unissent les pleins pouvoirs législatifs et exécutifs, que dans des démocraties où sa présence, qui n’est rehaussée par aucune relation de ce genre, atteste de la plus grande dégénérescence concevable de la violence. »

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Walter Benjamin, Critique de la violence (Payot Rivage, 2012)

Lectures

- Armand Durantin, « L’agent de police de la rue Jérusalem », in Les français peints par eux-mêmes, t.2 (Léon Curmer éditeur, 1840), p.325

- Walter Benjamin, Critique de la violence, 1921, trad Nicole Casanova, (Payot Rivage, 2012), pp.75-76

- Pierre Kropotkine, La morale anarchiste, 1889, (Fayard, 2004)

Références musicales

- Cut Killer, Nique la police

- Garth Stevenson, Tracks reflection

- The Clash, Police on my back

- IAM, Que fait la police

Jean-Christophe Angaut
Jean-Christophe Angaut
© Radio France - MC

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