Plongez dans la très profonde analyse des sentiments amoureux, une présentation par Camille Esmein-Sarrazin.
- Camille Esmein-Sarrazin Maître de conférences en Littérature française à l’université d’Orléans
Mlle de Chartres se marie, elle devient Mme de Clèves, puis elle tombe passionnément amoureuse d'un autre homme. Pourquoi renoncer à une telle passion ? A cause de la rumeur, qui accompagne perpétuellement la Cour ? A cause du devoir ? A cause de la vertu ?
Le texte du jour
« Il parut une beauté à la Cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l’avait laissée sous la conduite de Mme de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Mme de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée. »
Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves (Folio Classique, 2000) p.46-47
Extraits
- La rencontre entre Mme de Clèves et M. de Nemours (source : Lecture du soir, RTF, 03/09/1956) Lecture par Annie Ducaux
- Le discours de Mme de chartres a sa fille, avant de mourir (source : Lecture du soir, RTF, 03/09/1956). Lecture par Annie Ducaux
- Princesse de Clèves, film de Jean Delannoy (1961)
Références musicales
- Joséphine Baker, Sans amour
- Serge Gainsbourg, La javanaise
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