Dans le cadre de la Journée spéciale sur France Culture, "France, inventaire avant élections", éclairage sur la raison du peuple avec le philosophe Frédéric Brahami.
- Frédéric Brahami Directeur d’études à l’EHESS (Centre Raymond Aron)
Les hommes politiques parlent sans cesse du peuple, mais de qui parlent-ils ? A qui s'adressent-ils ? En quoi le peuple se différencie-t-il de la nation ? Et de la société ? Comment évoquer le peuple sans être populiste ou nationaliste ?
Le texte du jour
« Je n’ai plus de maîtres, je ne suis plus sujet. Nous sommes tous libres, tous égaux. N’est-ce pas vous-mêmes, mes anciens maîtres, qui me l’avez appris ? Il y avait autrefois une raison pour qu’il y eût des inférieurs dans la société : il n’y en a plus. Et vous voulez que j’obéisse encore ! Je le veux bien, néanmoins, mais à condition que vous me montrerez ceux à qui je puis légitimement obéir, obéir sans me dégrader, sans mentir à ma conscience, sans honte enfin et sans infamie. J’obéissais au roi, et le roi s’appelait fils aîné de l’Eglise, tenait son pouvoir de ses pères, et reconnaissait le tenir de Dieu. J’obéissais aux nobles, qui eux-mêmes obéissaient au roi, et qui tenaient également leur puissance de leurs pères, mais, comme le roi, se soumettaient, dans la morale et la religion, à l’Eglise. J’obéissais aux prêtres, qui étaient les ministres de cette Eglise, et qui servaient d’éducateurs à tous. Hors de là, je ne devais obéissance à personne. (…) Jamais on ne me força d’obéir à des hommes de lucre et d’égoïsme, à des hommes occupés de leur intérêt privé, à des hommes livrés à une seule passion, l’avarice. (…) Donnez-moi donc d’abord des supérieurs que je puisse respecter, ou souffrez que je haïsse les supérieurs que vous me donnerez… Mais pourquoi parler d’obéissance, pourquoi parler de maîtres, de supérieurs ? ces mots-là n’ont plus de sens. Vous avez proclamé l’égalité de tous les hommes : donc je n’ai plus de maître parmi les hommes. Mais vous n’avez pas réalisé l’égalité proclamée ; donc je n’ai pas même ce souverain abstrait que vous appelez, tantôt par un mensonge, la nation ou le peuple, et tantôt par une autre fiction, la loi ».
Pierre Leroux, « Aux philosophes » dans Trois discours
Extraits
- la Révolution française, film historique français de Robert Enrico et Richard T. Heffron (1989)
- Archive : François Fillon parle « des français » pendant la primaire de la droite, quand Barack Obama dit « Yes we can »
- Archive : Meeting de Marine Le Pen à Marseille – 4 mars 2012 (campagne présidentielle de 2012)
Référence musicale
- John Lennon, Power to the people
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