Game of Thrones est l’une des séries les plus vues au monde et son objectif n’est pas de promouvoir une morale déviante mais de questionner la morale elle-même, ainsi que nos valeurs. Y-a-t-il un bon ou un mauvais usage de la violence, non seulement d’un point de vue moral, mais aussi politique ?
- Sam Azulys philosophe, cinéaste et professeur de cinéma à New York University à Paris
Emission en partenariat avec Philosophie Magazine qui consacre son dernier hors-série à Game of Thrones.
La guerre fait ressortir la bête chez l’homme, n’importe qui peut mourir. Peu importe si vous êtes le héros…
Georges R. R. MartinPublicité
Tout au long de la série Game of Thrones, on assiste à des scènes plus violentes les unes que les autres… Par exemple dans l’épisode Les Pluies de Castamere de la saison 3 épisode 9 : toute une partie de la famille Stark y est sauvagement assassinée lors du mariage qui devait unir Robb Stark, le fils aîné, et Talisa Maegyr, déjà enceinte…
Que permet la violence dans Game of Thrones ?
L'invité du jour :
Sam Azulys, philosophe, cinéaste et professeur de cinéma à New York University à Paris
Les nouvelles séries qui bousculent la morale
La violence de la scène du mariage dans l'épisode "Les Pluies de Castamere" renvoie à ce que Georges R. R. Martin propose dans cette série, pour laquelle il a aussi été le scénariste dans les premières saisons, et qu’il appelle lui-même une série de "fantasy épique" : pour lui, tous ces récits, même s'ils relèvent de l’imaginaire, sont inspirés par l’Histoire, où les véritables méchants ne sont pas des orcs ou les seigneurs du mal, mais nous-mêmes. Georges R. R. Martin s’inscrit dans un nouvel écosystème télévisuel comme dans "Dexter" ou "Breaking Bad" où précisément la boussole axiologique morale s’affole…
Sam Azulys
Pourquoi la série GOT nous correspond-elle tant ?
Elle fait écho aux mutations du temps présent, et aussi aux principes d’incertitude qui régissent ces mutations. On assiste à un retour vers l’état de nature : c’est soit la tyrannie soit la guerre civile, il y a le fanatisme, les exécutions sommaires, les immigrés clandestins, les frontières tragiques, tout y est mais le centre de la série me paraît être la tension entre des forces réactives, forces du repli sur soi comme l’obsession de la pureté du sang, cette mentalité clanique, l’entre soi des familles nobles, une parfaite illustration du réflexe identitaire d’aujourd’hui, et qui nous parle parce qu’on vit dans un monde inégalitaire... On peut avoir le sentiment que le pouvoir c’est une affaire d’oligarchie, la démocratie n’étant qu’un paravent pour masquer tout cela… GOT renvoie aux inquiétudes démocratiques des spectateurs.
Sam Azulys
Sons diffusés :
- Archive de Georges R. R. Martin sur "N'importe qui peut mourir à la guerre", interview au Wheeler Center à Melbourne, 2013, traduction Antoine Tricot
- Extrait de la saison 3 épisode 9 : les noces pourpres
- Extrait de la saison 2 épisode 3 : Tyrion Lannister teste la fidélité du Conseil
- Extrait de la saison 1 épisode 7 : Les manigances de Lord Baelish
- Extrait de la pièce Othello de Shakespeare, acte I, scène 1, dans Théâtre et Université, sur France Culture, 12/03/1964
- Extrait de la saison 3 épisode 5 : le bain de Jaime et Brienne et la question du handicap
- Extrait de la saison 4 épisode 10 : un ancien esclave face à Danerys
- Chanson de fin : Common, The Ladder
Texte lu par Thibault de Montalembert :
- Extrait du Prince de Machiavel, 1513, traduction de Thierry Ménissier, éditions Hatier, 2011
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