Le monde : entre déterminisme et liberté : épisode 1/4 du podcast La Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant

Portrait d'Emmanuel Kant par Hugo Burkner (1818-1897), 1854.
Portrait d'Emmanuel Kant par Hugo Burkner (1818-1897), 1854. ©Getty - Fototeca Gilardi
Portrait d'Emmanuel Kant par Hugo Burkner (1818-1897), 1854. ©Getty - Fototeca Gilardi
Portrait d'Emmanuel Kant par Hugo Burkner (1818-1897), 1854. ©Getty - Fototeca Gilardi
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La métaphysique leibnizienne s'en remet à Dieu pour rendre raison d'un monde entièrement contingent, le déterminisme spinoziste identifie la nature à Dieu et rend tout nécessaire. Et Kant dans tout ça ? Le philosophe Michaël Foessel retrace la genèse de La Critique de la raison pure publié en 1781.

Avec
  • Michaël Foessel philosophe, spécialiste de la philosophie allemande et de la philosophie contemporaine, et professeur à l'école Polytechnique

C'est en discussion avec Leibniz, voire en opposition avec ce que le philosophe allemand écrit au paragraphe 7 de son Théodicée que Kant va sortir de son "sommeil dogmatique" et s'atteler pendant dix ans à la rédaction de son traité Critique de la raison pure (1781), ouvrage essentiel de la philosophie qui va destituer et renommer ce que nous appelons monde et la connaissance que nous pouvons en avoir. Dans cette première émission d'un cycle de quatre, Adèle van Reeth s'entretient le philosophe Michaël Foessel qui retrace la genèse de La Critique de la raison pure et en éclaire les concepts fondamentaux qui accompagneront ce parcours dans l’œuvre fondamentale du philosophe de Koenigsberg.

Il y a chez Leibniz – et c’est ce que réfutera Kant - une relativisation du monde par rapport à son principe, à son origine. Le monde, c’est le lieu sensible, déterminé par l’espace et par le temps, qui accueille nos vies. Mais dans une perspective métaphysique, nous ne pouvons pas en rester au monde. La philosophie se définit par le fait de transgresser, d’aller au-delà du monde, vers son créateur, parce que ce qui caractérise la Raison est son exigence d’absolu. Et cette exigence ne peut être réalisée dans le monde, on doit donc trouver son achèvement dans un être qui soit absolument nécessaire, c’est-à-dire Dieu. Kant va amorcer sa rupture avec la métaphysique de Leibniz dès 1771.      
Michaël Foessel

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Le texte du jour

En feuilletant rapidement votre livre, je me suis arrêté sur la note de la page 339, contre laquelle il me faut protester. Ce n’est pas l’examen de la nature de Dieu, de l’immortalité, etc. qui a été mon point de départ, mais l’antinomie de la Raison Pure : « Le monde a un commencement. – Il n’a pas de commencement, etc. jusqu’à la quatrième : Il y a une liberté en l’homme – contre : il n’y a pas de liberté, tout est, au contraire, en lui, nécessité naturelle » ; c’est cette antinomie qui m’a d’abord réveillé de mon sommeil dogmatique et m’a conduit à la Critique de la raison pure elle-même afin de supprimer le scandale de la contradiction apparente de la Raison avec elle-même.          
Emmanuel Kant, Correspondance (Gallimard)

Lectures

  • Leibniz, Théodicée, §7
  • Emmanuel Kant, Correspondance, Lettre à Garve du 21 septembre 1798 (Gallimard, 1991)

Références musicales

  • Aufgang, Barock
  • Louis Armstrong, What a wonderful world
  • Israel Kamakawiwo’ole, Over the rainbow
  • Juliette Gréco, Le mot et la chose

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