Dans "Les Caractères", La Bruyère ne cesse de vanter les mérites d’une conduite naturelle, et appelle à ne pas “sortir de son caractère". Mais qu’est-ce qu’une conduite “naturelle”, et comment définir notre caractère ?
- Béatrice Guion professeur de littérature française du XVIIe siècle à l'université de Strasbourg, spécialiste des moralistes
Qu'est-ce que le naturel ? Qu'est-ce qui fait l'homme et la femme ? Si la nature et le naturel valent mieux que l'artifice, le caractère ne se situe-t-il pas précisément à la rencontre entre le naturel, ce qu'on peut appeler l'inné, et les expériences que l'on fait et qui modèlent en retour ce que nous sommes, ce qu'on appelle l'acquis ?
Alors, pour être vraiment homme, pour être vraiment femme, faut-il s'extraire de cette nature qui nous rapproche des animaux, ou au contraire, se démaquiller et vivre au milieu des plantes ?
L'invitée du jour :
Béatrice Guion, professeur de littérature française du XVIIe siècle à l'université de Strasbourg, spécialiste des moralistes
Le visage et le masque
Le visage est ce qui est donné par la nature, il s'oppose au masque. Celui-ci renvoie à l'artifice, éventuellement à l'hypocrisie et au théâtre. Il y a chez La Bruyère une condamnation constante du masque et une incitation à se connaitre.
Béatrice Guion
Le travail de l'esprit
La Bruyère reprend à son compte les théories mondaines de l'honnêteté et donc de l'exigence du naturel dans le comportement social. Il condamne les précieuses car elles sont inintelligibles alors qu'il faut être naturel dans la conversation. Il faut avoir de l'esprit mais il ne faut pas que l'on sente le travail qui produit le bon mot.
Béatrice Guion
Textes lus par Daniel Mesguich :
- La Bruyère, Les Caractères, XI “De l’homme”, 1688, édition Le Livre de poche
- La Bruyère, Les Caractères, III “Des Femmes”, 1688, édition Le Livre de poche
Sons diffusés :
- Archive d'Albert Jacquard du 4 novembre 1982, dans Parenthèses avec Henri Laborit, France Inter
- Extrait de la pièce de théâtre Les précieuses ridicules, Acte I scène 9, de Molière, représentation du 18 mars 1973, RTF, mise en scène par Jacques Reynier
- Extrait du film Black Swan, de Darren Aronofsky, 2011
- Musique de Christoph Willibald von Gluck, Iphigénie en Aulide, réduction pour piano ; arrangeur : Hans Von Bulow
- Lecture de Denis Podalydès de La Bruyère, Les Caractères, XIII “De la mode”, 1688
- Chanson de fin : Aretha Franklin, You make me feel like a natural woman
L'équipe
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