

L'Iliade d'Homère, texte épique, bataille sanglante, conte un épisode du mythe de la guerre de Troie : la colère ravageuse d'Achille qui fait éclater tous les codes de la société... Comment Zeus, le dieu suprême en charge du maintien de ces codes, a-t-il pu être à l'origine de cette colère ?
- Pierre Judet de La Combe Helléniste, directeur d’études à l'EHESS et directeur de recherche émérite au CNRS
L'Iliade d'Homère, véritable épopée aux origines discutées (jusqu'à son titre), immerge le lecteur dans une guerre opposant les Grecs à leurs ennemis les Troyens.
Les combats comportent une multitude de sanglants détails. La mort y est décrite avec précision...
L'Iliade se présente comme une suite d'épisodes traversés par la présence de centaines de personnages et des héros comme Hector, Achille, Hécube reine de Troie, Nestor, Ajax, Oreste, Pâris, Agamemnon...
L'invité du jour :
Pierre Judet de la Combe, directeur d’études à l’Ehess et directeur de recherche au Cnrs
L’ « Iliade », une épopée du débordement
L’ « Iliade » est un texte violent, un débordement d’affects, de colère du côté d’Achille, des dieux, des Grecs. Il est extraordinaire par la puissance d’analyse, la précision poétique, l’usage du langage est stupéfiant et c’est en le traduisant qu’on s’en rend compte. Il est aussi d’une beauté inouïe et d’une force pour ce qu’il dit de tous les débordements possibles qui prennent une forme esthétique par le vers, le récit.
Pierre Judet de la Combe
L’ « Iliade », un texte de l'opacité du monde
L’ « Iliade » n'est pas un texte de sagesse ou de morale mais plutôt d’expérience paroxystique dans tous les sens, où les dieux sont confrontés à eux-mêmes, regrettent leurs décisions, en pleurent… C'est aussi un texte de l’opacité du monde où la décision de Zeus est une chose absolument incompréhensible. Il décide du fait qu’Achille a raison d’être en colère et que les Grecs, qu'il soutient pourtant dans la guerre contre Troie, doivent perdre et être massacrés pendant plusieurs jours. Il décide de ce désordre infini de milliers de cadavres grecs laissés en pâture aux bêtes contre tout rituel, toute piété, alors qu'il est lui-même le dieu de l’ordre et la piété. L’ « Iliade » commence avec cet accord dissonant.
Pierre Judet de la Combe
L'art contemporain permet de mieux lire Homère
C’est l’art contemporain qui nous permet de mieux lire Homère parce que grâce au cinéma, nous sommes plus attentifs aux discontinuités, aux ruptures, aux rythmes. Il faudrait refaire un film osé dans la discontinuité sur le récit de l'« Iliade » et ne pas vouloir retrouver comme on voit trop souvent une atmosphère grandiose et héroïque. Ça ne marche pas parce qu’Homère est une poésie qui vise vraiment à l’intelligence.
Avec l’« Iliade », il faut voir la même histoire de plusieurs points de vue différents. Il y a là un petit côté cubiste… Un art qui est fait pour prendre ensemble des traditions, des points de vue. Homère signifie : « celui qui assemble ».
Pierre Judet de la Combe
Textes lus par Georges Claisse :
- Les premiers vers de l'Iliade d'Homère, Chant I, traduction de Pierre Judet de la Combe à paraître en 2019 dans une co-édition Albin Michel et Les Belles Lettres
- Extrait sur les larmes de Zeus, dans l'Iliade d'Homère, Chant VIII, traduction de Pierre Judet de la Combe à paraître en 2019 dans une co-édition Albin Michel et Les Belles Lettres Suivi d'une musique de Nikolaï Rimski-Korsakov, Shéhérazade
Sons diffusés dans l'émission :
- Extrait d'une lecture en grec suivi d'une musique d'Havegal Brian, Turandot suite
- Archive de Heinrich Schliemann, France Inter, La Guerre de Troie aura lieu, 29 décembre 1966
- Chanson de Richie Havens, (Can't You Hear) Zeus's Anger Roar
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