Le portrait ou l'art du détail qui tue : épisode 2/4 du podcast Saint-Simon, un espion à Versailles

La duchesse de Berry est un des personnages dont Saint-Simon a fait le portrait (peinture de Pierre Gobert)
La duchesse de Berry est un des personnages dont Saint-Simon a fait le portrait (peinture de Pierre Gobert) - wikicommons
La duchesse de Berry est un des personnages dont Saint-Simon a fait le portrait (peinture de Pierre Gobert) - wikicommons
La duchesse de Berry est un des personnages dont Saint-Simon a fait le portrait (peinture de Pierre Gobert) - wikicommons
Publicité

Au fil des Mémoires de Saint-Simon, on croise plus de 7000 personnages. Qu’est-ce intéressait le plus l'écrivain-espion dans les portraits qu'il faisait des gens de cour ? Le goût de l’Histoire ? Ou celui des histoires, des potins et des intrigues ?

Avec
  • François Raviez maître de conférences à l'université d’Artois

Dans La chambre claire, Roland Barthes tente de saisir l’essence de la photographie.
Il réfléchit sur ce qu’il se passe, quand, face à un portrait, quelque chose retient son attention.
Il écrit : 

Un mot existe en latin pour désigner la blessure, la marque faite par un instrument pointu : le punctum, la piqûre, le petit trou, la petite tache, la petite coupure. Le punctum d’une photo c’est ce hasard qui, en elle, me point mais aussi me meurtrit, me poigne...

Publicité

L'invité du jour :

François Raviez, maître de conférences à l'Université d'Artois, spécialiste de Saint-Simon, de Chateaubriand et d'Anna de Noailles

Une machinerie verbale

Le portraits de Saint-Simon dans les Mémoires fonctionnent comme une grande machinerie verbale dont on retient une métaphore, une formule, un adverbe… Il a composé plus de deux mille portraits. Certains sont courts, une ligne, deux lignes, quand d’autres sont longs, comme celui de Louis XIV, en 1715, “le tableau du règne”.            
François Raviez

Les portraits, le succès des Mémoires de Saint-Simon

Certains portraits sont elliptiques, tiennent en une phrase : “Il était boudin de figure comme de nom” pour parler de l’apothicaire du roi… Saint-Simon aime beaucoup les analogies animales, on trouve associé aux gens de la cour des boeufs, des chats, des chiens, des crapauds. Ainsi, dans chaque portrait, on retient un élément, une phrase, il y a un pouvoir de séduction, magnétique. Il faut se souvenir que les Mémoires de Saint-Simon font plus de 8000 pages mais que les portraits ne constituent que 5%. Ce sont ces 5% qui ont fait le succès des Mémoires de Saint-Simon.            
François Raviez

Saint-Simon, plus historien que littéraire ? 

Il y a un plaisir du texte évident chez Saint-Simon. Il était un énorme travailleur en même temps qu’un halluciné… On a affaire à un historien très consciencieux, méticuleux, érudit, savant, mais en même temps, à un médium qui a intuitivement la perception de ce que sont en profondeur les être qu’il a eus sous les yeux.            
François Raviez

Textes lus par Daniel Meguich :

  • Portrait de Fénelon, extrait des Mémoires, Saint-Simon, tome 4, La Pléiade (avec une musique de Mary Lattimore, Hello From the Edge of the Earth)
  • Portrait de De Villars, extrait des Mémoires, Saint-Simon, tome 2, La Pléiade
  • Portrait de la duchesse du Berry, extrait des Mémoires, Saint-Simon, tome 5, La Pléiade

Sons diffusés :

  • Musique de Couperin, Le tic toc ou les maillotins
  • Musique de Scarlatti, Sonate pour piano en ut majeur K. 132
  • Chanson de Francis Blanche, Le duc de Bordeaux