"Le Quai des brumes" sort au cinéma en 1938. Il reconstitue le port du Havre dans une nuance de gris et retrace l’histoire d’un amour impossible entre Michèle Morgan et Jean Gabin : "T’as de beaux yeux, tu sais ?", les dialogues poétiques de Jacques Prévert insufflant mélancolie et désespoir.
- Philippe Morisson auteur, spécialiste du cinéma français de patrimoine
Marcel Carné réalise Le Quai des brumes en 1938 adapté d’un roman de Pierre Mac Orlan, l’inventeur du fantastique social. C’est Jacques Prévert qui en adapte les dialogues pour le cinéma.
L'invité du jour :
Philippe Morisson, auteur du livre Marcel Carné : ciné reporter (1929-1934) aux éditions La Tour Verte, co-auteur des Magiciens du cinéma : Carné, Prévert, Trauner aux éditions Les Arènes, et créateur du site Marcel Carné et du site La Belle Equipe, un hommage à l’âge d’or du cinéma français à travers les revues d’époque.
Un film d’atmosphère
Marcel Carné est un créateur d’atmosphères, ses films sont des films d’atmosphère : "Le Jour se lève", "Hôtel du nord", "Jenny", "Les Enfants du paradis"… L’atmosphère est une partie prenante du film autant que les acteurs, le scénario… Il insiste beaucoup sur cela. Même après sa collaboration avec Prévert, il a continué à essayer de créer des atmosphères comme dans "Trois chambres à Manhattan" dans les années 60, avec le même chef opérateur.
Philippe Morisson
Les influences de Marcel Carné
Carné et Prévert ont tout de suite décidé de transposer le roman de Mac Orlan dans un port, au début ils pensaient à Hambourg parce que le film devait être co-produit en Allemagne, et il y a d’ailleurs dans le film une influence de Murnau, du cinéma expressionniste allemand mais aussi le cinéma muet de Josef von Sternberg comme "Les Damnés de l’océan" qui a un fort rapport avec "Le Quai des brumes" dans l’atmosphère…
Philippe Morisson
Un film pacifique en 1938
Les personnages de Carné sont souvent solitaires. Ils peuvent rencontrer de temps en temps d’autres solitaires comme dans "Le Quai des brumes", le temps d'une nuit, mais cela se termine souvent mal… Le contexte de l’époque, 1938, ressort dans les dialogues pacifistes de Prévert, et c’est courageux de faire ce texte sur l’absurdité de la guerre : Jean, joué par Jean Gabin, est un déserteur, ce qui n’est pas dit dans le film à cause de la censure. À l’époque les pacifiques sont mal vus, d’ailleurs le film aura beaucoup de problèmes lors de la Deuxième Guerre mondiale, il sera censuré au motif qu’il est trop démoralisant, décadent, morbide…
Philippe Morisson
Sons diffusés :
- Archive de Marcel Carné sur le choix du roman de Mac Orlan, 1938
- Extrait du début du film Le Quai des brumes, Jean fait du stop pour aller au Havre...
- Extrait du film Le Quai des brumes, atmosphère de désenchantement et solitude au début du film, Jean dans le cabane de Panama
- Extrait du film Le Quai des brumes, rencontre avec Nelly
- Extrait du film Le Quai des brumes, rencontre avec Zabel
- Extrait du film Le Quai des brumes, Nelly et Jean sont à la fête foraine, deux amoureux à coeur ouvert
- Extrait du film Le Quai des brumes, la fatalité s'abat sur Jean et Nelly
- Archive de Marcel Carné évoquant Michelle Morgan, Les Feux de la rampe, 1970
- Lecture d'Adèle Van Reeth d'un article de Marcel Carné, novembre 1933, Cinémagazine n°11 et musique du film Le Quai des brumes, Tempo di java
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