Plongeon dans « Le Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare qui distille le doute, se joue des genres, et où les fées, les troubadours et les ducs se trouvent pris dans les méandres de l’amour qui ensorcelle et où tout s’emmêle. Analyse avec Gisèle Venet, spécialiste de William Shakespeare.
- Gisèle Venet Professeure émérite à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, spécialiste de William Shakespeare et du théâtre élisabéthain et jacobéen
Le Songe d’une nuit d’été (vers 1595-1596) est dans l’œuvre du dramaturge anglais William Shakespeare (1564-1616) tout à fait unique. Alors que son travail se base généralement sur la réécriture, cette pièce naît de l'imagination de Shakespeare. Maniant les genres dans cette comédie-féérie, Shakespeare joue avec le spectateur, le perd et le bouscule au cœur d’une intrigue amoureuse se déroulant à Athènes et dans le royaume des fées.
Le monde des humains se mêle aux créatures de la forêt pour créer une danse amoureuse insufflée par la magie.
Gisèle Venet, professeure émérite à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, spécialiste de William Shakespeare et du théâtre élisabéthain et jacobéen, revient sur cette pièce emblématique de l'oeuvre théâtrale de William Shakespeare, tisse et détisse ce monde de rêve où les fées se mêlent aux chevaliers et où l'auteur joue avec le prototype d'un amour et son envers.
L'amour au premier regard
Shakespeare joue avec ce qu’on attend de son temps, on est encore dans la vision de l’amour toujours et surtout l’amour au premier regard. C’est ce qui va être central dans « Le Songe d’une nuit d’été » puisque tout le monde va être victime de cette fameuse petite fleur d’Occident qui fait que tous les amants, jusqu’à la renaissance, sont censés s’être aimés au premier regard. Shakespeare va se moquer à tout moment et sous toutes les formes de cet amour au premier regard.
Gisèle Venet
Le mélange des genres chez Shakespeare
Shakespeare pense à tout, à faire rire avec quelque chose d’aussi irréparable qu’une fée violée par un âne, si peu attentif à elle, et en même temps, tout sera réparé. Shakespeare aime jouer avec ces sensibilités où on est au bord du gouffre et puis à la dernière minute, le rire ou la réparation intervient.
Gisèle Venet
L'irrévérence de Shakespeare
« Le Songe d’une nuit d’été » est la pièce la plus extravagante de Shakespeare. Il n’y a pas d’intrigues qui la soutiennent puisqu’elles partent toutes en fumée. On partait sur une grande tragédie, il n’y en aura pas, on partait sur des amants amoureux et il n’y aura pas véritablement d’amour qui se construira jusqu’au bout, sauf par magie ; Shakespeare nous fait espérer des moments qui nous sont familiers et tout d’un coup on se retrouve désemparés car tout nous file entre les doigts. Il y a là une irrévérence extrême pour les héritages de son temps.
Gisèle Venet
Sons diffusés durant l'émission :
- Extrait du téléfilm A Midsummer Night's Dream, BBC, 1981
- Extrait du Songe d'une nuit d'été, Acte II scène 1, Comédie Française, 1974 avec Francis Huster et Raymond Acquaviva
- Extrait du Songe d'une nuit d'été, Acte III scène 2, Comédie Française, 1986 avec Simon Eine et Richard Fontana
- Extrait du Songe d'une nuit d'été, Acte III scène 2, Comédie Française, 1974 avec Catherine Salviat et Virginie Pradal
- Extrait du Songe d'une nuit d'été, Acte IV scène 1, Comédie Française, 1974 avec Jacques Toja et Michel Etcheverry
- Extrait du Songe d'une nuit d'été, Acte IV scène 1, Comédie Française, 1974 avec Michel Aumont
- Musique de Eardrum, Low order
- Musique de Mendelssohn, Le Songe d'une nuit d'été
L'équipe
- Production
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